Réalisé par Nalan Kumarasamy. Inde. Comédie. 2h05 (Sortie le 5 novembre 2014). Avec Vijay Sethupathi, Sanchita Shetty, Radha Ravi, Ashok Selvan, M.S. Bhaskar, Meera Simhan, RJ Ramesh Thilak et Yog Japee.
Ce "Micmac Masters" constitue à la fois une curiosité et une pépite à découvrir d'urgence d'autant qu'à ce jour il fait l'objet d'une diffusion confidentielle avec une unique séance par jour dans une seule salle.
Nalan Kumarasamy a réalisé un premier film singulier, ébouriffant et inclassable dont le premier intérêt est de faire connaître au néophyte, certes par la bande de la production indépendante, le cinéma kollywoodien.
Et le "k" ne résulte pas d'une faute de frappe. Car Kollywood est au cinéma en langue tamoule produit à Chennai, ancienne comptoir de Madras, située dans le sud de l'Inde, ce que Bollywood est au cinéma hindi du Nord. Voilà qui est fait pour la minute culturelle façon confiture.
En l'occurrence aux antipodes des superproductions et dépourvu du kitsch du cinéma musical à grand spectacle, auquel toutefois une scène adresse un clin d'oeil malicieux, le film de Nalan Kumarasamy s'inscrit dans le registre du cinéma de divertissement populaire, genre comédie parodique à la Lautner façon locale avec sauce curry.
Un looser illuminé (Vijay Sethupathi), inspiré par une déclinaison de "dame du lac" faisant office de mauvais génie, une femme imaginaire (Sanchita Shetty) de lui seul visible, qui végète avec ses coups foireux nonobstant l'édiction des cinq commandements, au demeurant judicieux, du parfait kidnapping. .
Il parvient enfin à ses fins quand il s'acoquine avec trois bras cassés : un jeune groupie sacrilège (Bobby Simha) qui a édifié un temple dédié à son actrice préférée, un employé de bureau (Ashok Selvan) licencié pour harcèlement sexuel injustement accusé par une jeune femme à qui il s'est refusé et un groom-voiturier (Ramesh Thilak) qui a voulu faire une ballade avec une Jaguar.
Toute roule, c'est le cas de le dire, pour cette bande de pieds nickelés qu ifont modestement leur petite pelote jusqu'au jour où deux grains de sable vont gâter leur joie et compromettre leur petite entreprise : d'une part, en contrevenant, par inadvertance, au premier principe en kidnappant le fils (Karunakaran) d'un ministre qui refuse de payer et, d'autre part, un fils qui lui-même avait prévu son propre enlèvement pour obliger son père à cracher au bassinet.
Et, l'aventure prend même un tour dangereux quand entre en lice un Dirty Harry à l'indienne doublé d'un tortionnaire psuchopathe, un policier mutique (Yog Japee) qui ne connait que les méthodes extrêmes et les solutions expéditives.
Et ce scénario qui ne s'encombre pas de la vraisemblance s'avère cependant la trame comique et le médium approprié pour une incursion dans la société indienne avec ses dérives sociétales, le fléau de la corruption tant des hommes que des institutions et l'incompétence des élites politiques.
En effet, cette comédie loufoque et jubilatoire caractérisée par le jeu appuyé des acteurs qui ne lésinent pas sur la gestuelle nationale, des roulements d'yeux au dodelinement de la tête, hybride de manière jubilatoire la farce, la dérision et la satire.
Par ailleurs, au plan filmique, le réalisateur ne s'interdit rien, puisant dans tous les genres notamment du film d'action, pour scander les tribulations de ses branquignols.
Ainsi, il gratifie le spectateur de belles scènes de bravoure telle l'incontournable course-poursuite en voiture, et oppose les pittoresque bagarres de bar entre clients éméchés à la violente scène de bastonnade dans le noir à laquelle se livre le policier.
Pour son premier long métrage, et excusez ce méchant jeu de mot, Nalan Kumarasamy frappe fort. |