Conte fantastique de Alessandro Baricco dit par André Dussollier.
C'est en bonne compagnie maritime que l'on va faire cette traversée théâtrale. Il y aura un récit bien écrit, du jazz bien jouée et un homme-orchestre chaleureux pour créer une ambiance amicale. Car, ici, il ne faut pas s'attendre à une traversée tumultueuse et titanesque avec icebergs sournois, mais à un voyage tranquille dans lequel les glaçons font bon ménage avec les verres de vieux whisky. Tiré du roman à succès d'Alessandro Barrico, "Novecento : pianiste", le spectacle mis en scène et co-adapté par André Dussollier lui-même, n'a pas d'ambition métaphysique ni ne cherche à élever les âmes avec son histoire de pianiste génial qui n'a pas le pied terrien et ne connaît que la mer ferme. Bulle de savon qui éclate sans bruit au-dessus de l'océan, prétexte à quelques beaux moments pianistique de la part d'Elio Di Tanna accompagné par la trompette de Sylvain Gontard, la contrebasse d'Oliver Andrès et les percussions de Michel Bocchi, "Novecento" est un véhicule parfait pour André Dussollier. Charmeur, malicieux, se promenant sur la scène d'un pas léger, l'acteur de tant de films d'Alain Resnais installe avec son public une complicité immédiate. Avec lui, personne ne sera déçu du voyage et n'osera lui reprocher la faute vénielle de jouer avec un micro. Empruntant le pont d'embarquement miniature chargé d'évoquer un Transatlantique, s'invitant du côté de l'orchestre, parlant devant l'écran censé reproduire le salon d'honneur d'un palace flottant, il raconte la destinée hors du commun de ce pianiste divin qui fit la nique à Jelly Roll Morton, l'inventeur auto-proclamé du jazz, dans un duel musical sans merci. Divertissement agréable haut de gamme, serti dans l'écrin elliptique de la scénographie de Pierre-François Limbosch, "Novecento" fera passer un excellent moment à un public tout acquis qui n'aura aucune peine à entrer dans cette danse élégante. |