Comédie dramatique de la Compagnie Nyvatiep, mise en scène de Juliette Peytavin, avec Manon Allouch et Maxime Mikolajczak.
Paul et Lisa partagent leur vie depuis cinq ans. Alors qu'ils vont emménager ensemble, le doute les submerge.
Est-ce le bon moment ? Ne sont-ils pas trop jeunes, et passent-ils à côté d'autres aspects de la vie ? L'autre continuera-t-il à être amoureux s'ils se voient au quotidien ?
Le spectateur devra faire abstraction d'une situation peu crédible dans le déroulé de la pièce pour entrer dans le propos : lors d'un déménagement, le couple, généralement entouré de parents et amis, est souvent dans l'action, et non dans l'introspection. L'album-photo est depuis longtemps remisé au fond d'un carton, et si l'un des deux vient à s'asseoir pour bouquiner, il se fera aussitôt sermonner par son partenaire.
Alors certes, le déménagement crée une rupture dans les habitudes, peut provoquer des interrogations sur l'avenir, mais ce n'est certainement pas un moment propice aux explications et à l'échange intime. C'est surtout un événement propice aux disputes ou aux péripéties comiques.
Passé cette maladresse de mise en situation, le texte explore les doutes des deux protagonistes sur la vie de couple, l'amour, le regard de l'autre, en dévoilant les faiblesses et les contradictions des deux personnages.
Manon Allouch et Maxime Mikolajczak se montrent à l'aise sur scène. Leur jeu privilégie l'énergie plutôt que la nuance. Le dégradé des sentiments aurait d'ailleurs gagné à être davantage souligné par les lumières dans la scénographie de Yoan Claveau de Lima et Juliette Peytavin.
Le texte, écrit de manière collective, démontre que l'amour romantique à encore de beaux jours devant lui. Frais, parfois naïfs, les mots des deux personnages sont dénués du cynisme qui pourtant est inscrit dans l'air du temps.
En cela, "A tes souhaits" est représentatif du paradoxe de l'époque où les méandres du sentiment amoureux sont décortiqués sans cesse, où l'idéal du couple et le désir de vivre le grand amour sont omniprésents mais où les idéaux sacrificiels sont disqualifiés, où l'instabilité des relations temporaires progressent et où de plus en plus d'hommes et de femmes se déclarent sceptiques sur la possibilité d'aimer longtemps une même personne.
Au 21ème siècle, le modèle fusionnel de l'amour à disparu mais non l'idéal amoureux, c'est bien ce que souligne "A tes souhaits".e |