Comédie dramatique de Federico Garcia Lorca, mise en scène de Hervé Petit, avec Samira Baibi, Caterina Barone, Margurite Karcz, Béatrice Laout, Sabrina Manac'h, Emmanuelle Nocq-Saada, Catherine Perrotte et Anna Sigalevitch.
Années 1930. Dans la maison de famille où elle retient ses cinq filles pour huit années de deuil, Bernarda Alba, la mère, règne avec fermeté.
En plein cœur de l'été, la chaleur exacerbe les passions et les aspirations de ces sœurs dont pour certaines, le sort est en train de se jouer.
La seule à oser braver les interdits et à tenter de s'émanciper sera Adela que l'air de la maison étouffe dans toute la fougue de sa jeunesse, et qui rêve de grands espaces (et du fiancé de sa sœur ainée).
Comme souvent chez Federico Garcia Lorca, comme pour "Yerma" qui fait partie de la même trilogie, les coutumes sont très fortes et tous les secrets de famille doivent rester entre les murs de la maison.
C'est le portrait d'une Espagne campée sur ses traditions et ses préjugés que dépeint l'auteur dans "La maison de Bernarda Alba", sa dernière pièce juste avant la guerre d'Espagne. L'accent est mis dans cette version de la Compagnie La Traverse sur l'ambiance du groupe et les sensations émanant den ce huis-clos, restituant à merveille la tension croissante de la pièce.
La mise en scène épurée d'Hervé Petit (avec pour toute scénographie quelques éléments symboliques: un grand drap blanc et cinq coffres de bois rectangulaires, pareils à des cercueils ou au coffre à secrets de chacune des cinq sœurs) donne la priorité aux comédiennes et joue sur les contrastes (que ce soit pour les caractères ou pour les costumes qui les marquent).
Il dirige de belles scènes de groupe et met en place une tension qui ne faiblit pas pour illustrer le portrait de cette mère tyrannique qui tient coûte que coûte à préserver les traditions et gère sa maison comme elle l'entend, avec une main de fer. Le spectacle présente une belle brochette de comédiennes dont l'unité est la force, toutes faisant preuve d'un bel engagement et d'une concentration exemplaires.
Federico Garcia Lorca propose une analyse très engagée de la société espagnole d'alors dans un drame sombre et qui se révèle encore plus amer que prévu, laissant le spectateur abasourdi.
Un beau spectacle sobre et tout en nuances d'une émotion et d'une force particulièrement convaincantes. |