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puce La imaginacion del futuro
Théâtre des Abbesses  (Paris)  décembre 2014

Création de la Compagnie Teatro La Re-sentida, mise en scène de Marco Layera, avec Marcela Salinas, Carolina de la Maza, Benjamín Westfall, Rodolfo Pulgar, Pedro Muñoz, Diego Acuña, Benjamín Cortés et Sebastian Squella.

Prendre au sérieux ou ne pas prendre au sérieux "La Imaginacion del futuro" ? Là est la question théâtrale à quelques pesos.

Si l'on prend au sérieux cette potacherie postmoderne qui se joue des chronologies et mélange les repères historiques et idéologiques pour ne garder sur la scène que des personnages fantoches - le président Allende en tête dans son palais de la Moneda - manipulés par les techniques de communication actuelles aux mains de cyniques cocaïnés, on hurlera au "fascisme".

Marco Layera et sa troupe chilienne de La Re-Sentida ont donc créé leur spectacle iconoclaste sur la fin de Salvatore Allende au moment où l'on fêtait le quarantième "anniversaire" du coup d'État du 11 septembre 2013, un anniversaire qui a été l'occasion de voir ou de revoir des documentaires sur l'expérience du socialisme démocratique d'Allende au Chili.

On a alors beaucoup pleuré, serré les poings, en se remémorant la répression sauvage, l'oppression sanguinaire qui a accompagné l'arrivée de Pinochet au pouvoir. On ne savait pas encore qu'il y avait au Chili des petits rigolos révisionnistes qui allaient faire d'Allende un pantin dérisoire et de sa révolution une pantalonnade.

Si l'on a le courage d'assister au débat qui suit la pièce avec le metteur en scène, force sera de constater qu'il n'a pas vécu le même anniversaire que bien des Chiliens installés en France depuis ces années noires. Piètre connaisseur de sa propre histoire, il n'a pas l'air de voir ce qui choque quand il représente le peuple chilien par un acteur avec un masque de singe. Tout ça n'est bien sûr qu'humour et dérision.

Ce mépris du peuple, ce refus de tout "théâtre militant" pour une laborieuse farce plus proche des Branquignols que de Berthold Brecht, est peut-être une transgression vu du Chili. Vu de France, ce mode d'expression paraît s'inscrire dans la droite ligne d'un théâtre de constat qui se cache sous les habits de la "déconnade" ludique, fond de commerce des petits malins qui ont compris tout de leur époque.

Evidemment, on pourra s'amuser des sketchs distrayants orchestrés par la joyeuse bande de La Re-Sentida et qui font passer sans ennui ses quatre-vingt dix minutes de moquerie prétendument sans conséquence.

On ne pourra pas s'empêcher de sourire de l'inconstance - ou de l'habileté - de nos joyeux drilles chiliens qui, après avoir roulé le président Allende symboliquement dans la farine, finissent leur spectacle par un grand moment d'émotion en rejouant, caméra sur l'épaule pour la vidéo de service, sa mort sous les bombes des avions putschistes.

On pensera à tous les Chiliens dont on ne verra jamais en France le travail théâtral et qui doivent tenter de comprendre, sans les oripeaux faciles de la rigolade pré-pubère, ce que leur pays a vécu pendant toutes ces années volées.

Car on ne peut pas s'empêcher de tiquer quand Marco Layera a expliqué que la version de "La imaginacion del futuro" proposé ici n'est pas la même qu'au Chili. Ainsi précise-t-il que le président mexicain remplace le premier ministre israélien, le bon Bibi Netanyahu. Pourquoi donc le faire disparaître ? Y avait-il quelque danger en France à se moquer d'Israël sur le même ton badin qui lui permet de traiter gratuitement de "pédophile" le pape François ?

Bref, "La imaginacion del futuro" est une ratatouille idéologique plaisante qui pourra séduire ceux qui ne connaissent pas le contexte historique ou qui acceptent qu'on le dynamite au risque de faire objectivement le jeu théâtral du jamais cité et du jamais moqué, ce cher général Pinochet.

Au bout du compte, ce spectacle paradoxal devrait plaire autant aux fans d'Eric Zemmour qu'à ceux de Stéphane Guillon, et l'on frémira à l'idée qu'ils puissent être les mêmes...

Encore une fois, on s'interrogera sur la légitimité d'un théâtre qui n'a pas compris que la "confusion" est l’esthétique des ennemis de la cause théâtrale.

 

Philippe Person         
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