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puce Le jour où Neil Young va mourir
Chronique  décembre 2014

Nous nous apprêtons à vivre la période la plus fertile nécrologiquement parlant dans le monde du Rock'n roll (au sens large du terme). Toutes les grosses pointures de la période la plus chargée artistiquement dans le domaine rock meurent ou vont mourir dans les quinze ans à venir. Lou Reed, c'est fait, Alex Chilton aussi, Bert Jansch de même. Ca c'était pour les résistants, ceux qui se sont dépetrés des années folles, car comme chacun le sait, nombreux sont ceux morts pour la patrie, sur place, en pleine guerre, au front : Brian Jones, Hendrix, Morisson et compagnie (citons quand même pour l'honneur les moins célèbres mais non moins talentueux : Chris Bell, Tim Hardin et Buckley, Danny Whitten).

Je parle évidemment d'une période allant des mid-sixtees jusqu'aux mid-seventees. J'aurai pu viser plus vieux : Gene Vincent, Eddie Cochran, Hank Williams, Robert Johnson ou Blind Lemon Jefferson, ont eu des décès prématurés, mais ce qui m'intéresse, ce sont les artistes qui ont survécu aux frasques des années 60/70 et qui risquent de nous quitter prochainement. Imaginons en fait qu'ils nous quittent aujourd'hui. Cela donnerait :

Ozzy Osbourne a succombé à une septicémie générale et des suites d'une obstruction du système digestif. On a en effet retrouvé une quantité massive de plumes de pigeon dans son organisme.

Johnny Rotten, mal réveillé, s'est enfoncé une épingle à nourrice dans la carottide, et est décédé à l'hopital, ayant perdu trop de sang.

Jacques Dutronc, en voyage en Angleterre, aurait pris une bite de Junkie pour un cigare, qui lui a refilé une MST dont il est mort dans la nuit après d'atroces souffrances.

Van Morisson est mort suicidé à son domicile après avoir écouté trop longtemps son chef-d'oeuvre Astral weeks.

Iggy Pop s'est fait enlever par ses pseudo-amis des "Zinzins de l'espace" qui l'ont séquestré sur on ne sait quelle planète d'une certaine galaxie où les êtres locaux l'ont forcé à se trémousser torse nu et à se rouler dans du verre pillé jusqu'à ce que mort par épuisement s'en suive.

Paul Mc Cartney nous a quittés. Il a glissé sur une liasse de billets trainant dans ses toilettes et s'est assommé sur la cuvette. Le choc a été mortel.

Keith Richards est décédé des suites d'une crise cardiaque quand, se regardant dans un miroir pour la première fois, il s'est rendu compte qu'il n'était pas noir.

Les âmes des instruments malmenés se sont vengées de Jerry Lee Lewis et Pete Townshend : le premier est mort écrasé par un de ses pianos sanglé au-dessus de sa tête lors d'un déménagement. Le second a été touché au crâne par un éclat de guitare lors de sa séance hebdomadaire de destruction (c'est trop fun). Le choc fut mortel.

Patti Smith a été prise à partie par un boulanger qui l'a confondue avec sa planche à pain. Son corps a été découvert à la sortie du four, calciné (très sexiste comme vanne. Mais on peut rire de tout, pas avec n'importe qui ! Et vous n'êtes pas n'importe qui !).

Et le jour où Neil Young va mourir ? Et bien je n'ai pas de blague à vous proposer (vu le niveau de mes blagues vaseuses, peut-être vaut-il mieux que je m'arrête de toute façon). Non pas qu'il soit parfait, les gens parfaits n'existent pas. Mais il inspire tellement le respect et la retenue classieuse ! Il a eu, c'est vrai, la mauvaise idée de se ranger près des positions républicaines dans les années 80 et de soutenir des idées un peu trop nationalistes à mon goût. Mais sans le connaître personellement, je pense qu'il s'est juste mal exprimé, qu'il avait l'esprit confus sur certains sujets sensibles.

Musicalement, son oeuvre n'a pas fini d'en étonner plus d'un. En effet, même son âge avancé ne l'empêche pas de sortir de bons disques. Ce n'est pas le top à chaque fois, il y a du bon et du moins bon. Et il est vrai qu'à une époque, il ne sortait que du bon, mais bon. Tous les quatre ou cinq ans, on a droit à un album de haute qualité. Et il a encore de l'audace (cette vertue qui l'a suivie depuis ses débuts, ce toupet artistique permanent, cette désinvolture constante, sa marque de fabrique). Prenez Le Noise, galette de 2010. Il a, à l'époque, soixante-cinq ans et plus rien à prouver. Et bien, écoutez ne serait-ce que la première chanson, ou plutôt la "plage sonore" qui ouvre le disque, et puis "Love and War", des chansons parmi ses meilleurs.

Il est vrai que l'on peut trouver du déchet dans sa discographie, mais songez que de ses premières chansons au sein des Squires et du Buffalo Springfield jusqu'au milieu des années quatre-vingt, c'est-à-dire sur vingt ans, il a sorti des chefs-d'oeuvre par dizaines, ne faiblissant que très rarement, le temps d'un album un peu raté, de temps en temps.

Alors, oui, sa disparition laissera un vide immense dans le paysage culturel mondial. Je serai sans doute triste ce jour-là. Certes, il n'est pas le seul à avoir la classe, Iggy, John Fogerty, David Bo... Non pas lui. Mais la classe de Neil Young, c'est une vraie classe tranquille, sereine, qui va bien avec sa vieillesse, qui met en valeur son expérience de rockeur avant-gardiste. Respecté par les paysans du fin fond de l'Alabama pour ses albums les plus folk (Harvest en tête), par les punks qui ont vu en la face B de "Rust never sleeps" un manifeste, par les grunges ayant écouté avec religiosité les guitares cradingues de Everybody knows this is nowhere, du titre "Like a hurricane" et plus tard Ragged glory. Young a mis un pied dans le bruitisme avec Arc / Weld et l'autre dans l'électro Trans (il a certes un peu trop écouté Kraftwerk). Car c'est un véritable suicide commercial qu'il entreprend dès 1980, avec comme cadeaux pour son nouveau label qui s'attend à "Harvest 2", des escapades du côté de la country, de l'éléctro nous l'avons dit, du rockabilly, et d'un "hard-pop engagé et sale" avec Re-ac-tor. Young se fera maintes fois tirer les cheveux par ses maisons de disques, pour, je cite : "Non implication dans le processus promotionnel et insoumission aux exigeances artistiques dues par le contrat signé avec le label". Quel petit trublion !

Vraiment, tout cela manque tellement dans le monde de la musique aujourd'hui, et on peut même penser que l'audace et la revendication manquent beaucoup dans le monde en général. La seule audace qu'ont nos dirigeants et nos responsables, dans tous les domaines, est d'oser vouloir toujours plus de pognon, à tout prix, par tous les moyens.

Alors effectivement, Neil Young, même s'il n'est pas encore mort et a plus d'un tour dans son étui de guitare, me manquera bien quand il sera parti. Car c'est non seulement un grand artiste qui décèdera, mais surtout un symbole d'intégrité et de sincérité. Neil Young est devenu un être rare, en voie de disparition. Et dans la société pourrie jusqu'à l'os dans laquelle nous vivons, il trouve encore le moyen de garder la tête haute, et de faire en plus de sa musique, des actions pertinentes dans différents domaines. Je ne rentrerai pas dans les détails car je vous suggère de lire son autobiographie récente pour savoir ce qui fait s'activer cet homme en 2013. C'est un livre à son image : simple et tortueux à la fois, honnête et passionnant.

Bref, le jour où Neil Young va mourir sera un jour comme tous les jours : un jour singulier, un jour spécial.

Je termine en précisant la date de mon texte, le mardi 17 décembre 2013, car d'ici à ce que vous lisiez cette page, les artistes que j'ai mentionné ne seront peut-être plus de ce monde, et nous verrons alors si ma description de leur décès était juste ou purement fantaisiste.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Neil Young
Le Facebook de Neil Young


Loïc Silence         
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