Réalisé par Serge Avédikian et Olena Fetisova. Ukraine/France/Géorgie/Arménie. Drame. 1h35 (Sortie le 7 janvier 2015). Avec Serge Avédikian, Yulia Peresild, Karen Badalov, Zaza Kashibadze R, Yuri Vysotsky, Anton Yakovlev , Konstantin Voitenko et Victor Marvin.

Après Turner, voici une évocation de la vie "tumultueuse" de Sergueï Paradjanov, artiste géorgien d’origine arménienne.

"Le Scandale Paradjanov" de Serge Avédikian et Olena Fetisova n’a certes pas les qualités esthétiques et cinématographiques de « Mr Turner » de Mike Leigh, mais il a le grand mérite de raviver la mémoire d’un grand artiste, à la fois cinéaste et plasticien.

Confronté à l’orthodoxie soviétique, Paradjanov propose un cinéma qui ne ressemble à aucun autre. Composés de plans fixes dans lesquels il reconstitue des tableaux vivants avec force objets symboliques, ses films exaltent des personnages ou des héros ancrés dans l’histoire arménienne.

Le succès mondial des "Chevaux de feu" protège l’artiste, mais son homosexualité permet finalement de l’accabler. Dès lors, il connaîtra la prison, l’exil, l’impossibilité de s’exprimer par la voie cinématographique.

Dans "Le Scandale Paradjanov", Serge Avédikian compose un Paradjanov hanté par son art, mais aussi enfermé dans son personnage.

Le bric-à-brac de ses tableaux et de ses compositions filmiques a des correspondances dans une vie exubérante, pleine d’épreuves que son caractère difficile amplifie.

On pourra reprocher au film quelques maladresses, comme cette scène dans laquelle un acteur arménien se risque à interpréter Marcello Mastroianni qui, de passage à Tbilissi, vient rendre visite au cinéaste persécuté par le pouvoir soviétique.

Mais, dans l’ensemble, "Le Scandale Paradjanov" de Serge Avédikian et Olena Fetisova est un bel hommage à ce grand cinéaste singulier.

On rêve que dans la foulée de ce biopic sur Paradjanov, on puisse revoir dans des copies restaurées ses chefs d’œuvre, comme "Sayat Nova" ou "Achib Kerib", son ultime film qu’il avait dédié à un autre géant aux ailes brisées par l’ère soviétique, Andréi Tarkovski.