Réalisé par Erik Skjoldbjaerg. Norvège/Allemagne/France/Suède/Finlande. Thriller. 1h46 (Sortie le 28 janvier 2015). Avec Aksel Hennie, Stephanie Sigman, Jorgen Langhelle, Jonathan LaPaglia, Wes Bentley, Ane Dahl, André Eriksen Rô et Stephen Lang.
Personne n’a oublié "Insomnia" qu’Erik Skjoldbjaerg a tourné en 1997 et qui fut l’objet d’un remake réalisé par Christopher Nolan. "Pioneer", son nouveau film, est au moins aussi efficace que ce remarquable thriller.
Il a d’abord pour lui de parler d’un sujet mal connu, celui des plongeurs travaillant pour les grandes compagnies mettant en marche les plateformes pétrolières. En effet, "Pioneer", qui ne pourrait être qu’un grand film d’aventures, expose avec la précision d’un documentaire tout l’environnement scientifique et économique entourant l’exploration pétrolière offshore. Au détour d’un plan, on pourra même voir comment une plateforme d’extraction est remorquée vers la haute mer.
En 1980, pour exploiter les richesses de leurs fonds marins, les Norvégiens, s’allient aux Américains afin d’étudier comment permettre à des plongeurs d’atteindre les profondeurs abyssales et d’y travailler en toute sécurité.
Lors d’une expérience, le frère de Petter est victime d’un problème de pressurisation et meurt dans ses bras. Voulant découvrir les causes de sa mort, Petter s’aperçoit qu’on ne facilite pas son enquête et qu’il est en train de déchaîner des forces qui le dépassent.
Ce sera l’occasion d’un très bon suspense aux multiples rebondissements spectaculaires dans lequel Aksel Hennie se révèlera très crédible en super héros norvégien ne reculant devant rien pour parvenir à faire éclater la vérité.
Qu’un Norvégien sportif et déterminé puisse se comporter comme un personnage de film d’action américain a déjà quelque chose d’anormal. Mais, le plus anormal, et qui ne devrait pas être repéré par tous les spectateurs, c’est que les "méchants" ici sont des citoyens américains.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, il n’y a qu’une poignée de films non américains qui donne la nationalité étasunienne aux criminels ou à ceux qui, comme dans "Pioneer", empêchent par tous les moyens l’aboutissement des enquêtes. Mais, même si la multinationale US est responsable et coupable, on découvrira in fine que la vérité est également ailleurs et que les incommensurables profits à venir de l’exploitation de ces gisements marins pourront vite en avoir raison.
En cette période où l’on a besoin de divertissement, "Pioneer" d’Erik Skjoldbjaerg est le film parfait, d’autant plus qu’il n’a pas que cette ambition. Au passage, on signalera qu’on y retrouvera, dans le rôle du plongeur américain, l’excellent Wes Bentley, barbu et tortueux à souhait. On en reparlera dans peu de temps avec la sortie de "Things people do" de Saar Klein, où il est éclatant en Monsieur tout le monde.
Baignant dans l’opportune musique sous-marine du groupe Air, "Pioneer" d’Erik Skjoldbjaerg décrit un temps où ces plongeurs de l’extrême, qu’on rêvait rebelles et encore libres, doivent, pour assouvir leur passion et gagner leur vie, signer un pacte de soumission avec des consortiums sans scrupule. |