Réalisé par Louis-Julien Petit. France. Comédie. 1h45 (Sortie le 21 janvier 2015). Avec Olivier Barthelemy, Corinne Masiero, Pascal Demolon, Sarah Suco, M'Barek Belkouk, Pablo Pauly, Zabou Breitman et Francesco Casisa.
C'est le lot commune de chaque consommateur qui passe en caisse plusieurs fois par semaine. Faire face le plus souvent à des femmes qu'on croise et qu'on ne regarde pas. Sortir de ses poches des cartes de fidélité ou des bons de réduction. Profiter des promotions, sauter sur les soldes...
Cet univers familier cache souvent un monde impitoyable qui n'a pas beaucoup intéressé les cinéastes français, sans doute habitués à se faire livrer ou laissant la corvée des commissions à leur femme ou à leur femme de ménage...
"Discount" de Louis-Julien Petit comble donc un manque, surtout que le film situe son action dans le pire du pire de l'hyper : le hard discount. Et, pour en rajouter en horreur économique, il le fait à l'heure où les caissières vont devenir peu à peu des machines automatiques.
Menacés de disparaître, cinq caissiers et caissières décident d'un baroud d'honneur : se déjouant des caméras de surveillance, ils vont détourner les produits proches de la date de péremption, ne pas les rendre impropres à la consommation en les javellisant et organiser un marché solidaire pour les pauvres des pauvres, ceux pour qui le hard discount est au-dessus de leurs moyens.
"Discount" de Louis-Julien Petit est un film sur la solidarité, plein de bonnes intentions dans lequel circule un petit air libertaire.
Pour parvenir à convaincre plutôt qu'apitoyer, il a fait appel à d'excellents comédiens, dont évidemment Corinne Masério, dont personne n'a oublié la prestation dans "Louise Wimmer".
Certes, "Discount" n'a pas l'ambition de Cyril Mennegun mais, avec un manque de moyens presque aussi dramatique que celui de la population qu'il décrit avec empathie, il fait de son mieux.
On ne peut nier que le film connaît peu à peu un essoufflement, gagné qu'il est par le "syndrome Robin des Bois". Car, comme ses héros, le film est victime de leur réussite : que faire de personnages que leur révolte conduit à "voler les voleurs" et finit par enrichir ?
Alors qu'il pourrait partir dans l'utopie et refuser une fin réaliste, Louis-Julien Petit croit bien faire en ramenant tout le monde sur terre. Son scrupule scénarique le dessert et son absence de démagogie l'entraîne vers la pire des fins.
S'il s'était appelé Robert Guédiguian, il aurait réussi une pirouette à la "Marius et Jeannette" et emporté la conviction. Mais "Discount" de Louis-Julien Petit n'est pas l'oeuvre d'un rusé et crève de sincérité. Son demi-ratage en fait sa grandeur.
Il faut aller voir "Discount"et ne jamais oublier de sourire aux caissières des supermarchés... tant qu'il en reste encore...
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