Conte musical de Ottorino Respighi, livret de Gian Bistolfi, direction musicale de Vincent Monteil, mise en scène par Valentina Carrasco, avec Gaëlle Alix, Lamia Beuque, Kristina Bitenc, Marie Cubaynes, Francisco Gil, Peter Kirk, Jaroslaw Kitala, Sunggoo Lee, David Oller, Rocío Pérez et Nathanaël Tavernier.
Inutile de raconter en détail l'histoire de "La Belle au bois dormant". Le célébrissime conte de Charles Perrault est connu de tous. Moins connue est sa mise en musique en 1921 par Ottorino Respighi, un compositeur fortement inspirée par Rossini, pour un spectacle de marionnettes.
Sa musique mélodique, qualifiée par les spécialistes de "facile", a l'avantage de ne susciter aucune réticence, d'être immédiatement accepté par tous les spectateurs, même les moins mélomanes. Qu'elle soit ici chantée en français par de jeunes artistes lyriques qui font en sorte qu'on comprenne ce qu'ils chantent renforcera le sentiment d'être en territoire musical ami.
Au plaisir des oreilles s'ajoute celui des yeux grâce à une mise en scène tout en raffinement de Valentina Carrasco. Elle s'est entourée d'une équipe dont le maître mot est visiblement "couleur". Car, "La belle au bois dormant" est une succession de correspondances entre les couleurs musicales et les couleurs des décors, des lumières et des costumes.
Tout commence dans le vert d'une forêt, où derrière de fins rideaux s'agitent des créatures animales, comme une délicieuse grenouille, ou des jeunes femmes chantant sur des escarpolettes et pouvant pousser les notes la tête en bas. Puis l'on quittera la nature verte pour le château où dominent le rouge. Quand la Belle se sera piquée à sa quenouille, viendra le temps du blanc hivernal et au final, quand le baiser du prince la réveillera, le monde sera enfin joyeusement et amoureusement multicolore
Portant fièrement les inventifs et chatoyants costumes de Nidia Tusal, les chanteurs, jamais statiques et parfois même acrobates, parcourent une scène où le décorateur Carles Berga s'est plu à semer beaucoup d'éléments en tissus légers, tout cela savamment éclairé par les lumières de Peter Van Praet.
Jamais "conte de fée" ne porta mieux son nom que dans cette "Belle au bois-dormant" où tout cherche à être féerique. Dès lors, sous la baguette de Vincent Monteil, les musiciens de l'Opéra Studio de l'Opéra du Rhin donnent le la pour une représentation qui enthousiasmera petits et grands.
Car cette "Belle au bois dormant" a tout d'une bonne initiation à l'art lyrique. Les chanteurs, à l'image des deux fées - la gentille en bleue et la méchante en noire - dans des tenues et des maquillages très extravagants, interprètent vraiment leurs rôles, donnant du dynamisme et de l'entrain à ce conte musical exemplaire, à la fois épatant et brillant. |