Spectacle musical conçu par Carl Norac, mise en scène de Cécile Jacquemont, avec Irène Jacob, Marianne Piketty et l'ensemble Le Concert Idéal.
Voilà une promenade musicale que personne ne regrettera. Une promenade qui s’effectue sous le signe de l’harmonie des mots, des notes et des couleurs et de la rencontre inattendue de Vivaldi et d’Astor Piazzola.
En seulement quelques notes jouées par Marianne Piketty et quelques mots prononcés par Irène Jacob, le climat est posé. Dès lors, le voyage se fera sans encombre et rien ne pourra perturber le spectateur pris en charge par la belle voix d’Irène et le violon virtuose de Marianne.
Le texte qu’interprète Irène Jacob, écrit par Carl Norac, raconte l’histoire d’un garçon et d’une fille qui ne se connaissent pas, vivent dans des mondes bien différents, sont séparés par l’océan et que la force inouïe de leur amour né mystérieusement dans leurs songes va rassembler.
Bien défendue par l’actrice qui bondit çà et là sur la scène avec la belle conviction d’un joli ludion, la prose de Carl Norac n’est pas un simple intermède pour que Le Concert idéal, l’orchestre de sept cordes dirigé par Marianne Piketty, passe de Vivaldi à Piazzolla, ou réciproquement.
C’est, au contraire, un texte sur l’amour fou, dans la tradition du sublime "Pete Ibbetson" de George du Maurier, qui agit comme une métaphore pour que la fusion entre la musique baroque de Vivaldi et le tango revisité de Piazzola puisse se faire sous les meilleurs auspices.
Pour faciliter ce passage, peu évident dans les esprits, Marianne Piketty s’est refusée à inclure le bandonéon dans ses interprétations de Piazzola. Il faudra certainement un peu de temps pour que les aficionados du génial Argentin admettent qu’un violon ou un violoncelle puisse remplacer l’instrument fétiche du créateur de "Libertango".
Mais, ils seront surpris de s’apercevoir que l’absence de "piano à bretelles" ne se remarque pas beaucoup. Les correspondances qui naissent entre Antonio et Astor finissent, au contraire, par devenir évidentes. Ainsi, à mesure que les deux personnages de Carl Norac se rapprochent, la musique devient fusionnelle.
Il ne faudra pas oublier, que derrière l’orchestre, le peintre Laurent Corvaisier profite de cette fête poético-musicale pour couvrir de couleurs une longue bande de papier. Les têtes multicolores qu’il peint pendant le spectacle ajoutent de la joliesse à l’ensemble.
De cette addition judicieuse de talents naît donc un spectacle musical fort réussi et profondément dépaysant. |