Spectacle conçu et mis en scène par Jacky Katu, avec Cecilia Dassoneville, Laure Millet, Sandra Rivero, Florian Guillaume, Manuel Lambinet et Mathieu Petriat.
Pour les surréalistes, André Breton en tête, la beauté devait être convulsive ou ne pas être. Pour Jacky Katu, chercheur fécond de la chose humaine, c'est à l'amour que se rapporte désormais cet adjectif.
Prenant le cas extrême de six jeunes gens, trois garçons trois filles, enfermés dans le pavillon des agités d'un hôpital psychiatrique, il va décliner sous toutes ses formes les troubles obsessionnels liés à l'amour. Les six personnages, tous dans la même tenue bleue d'internés, vont faire en 80 minutes le tour du monde chaotique de l'amour et de ses sens.
Ce qui ne pourrait être qu'une succession de sketchs inégaux avec pour thème l'amour s'avère une étude maîtrisée, pensée, astucieuse, provocatrice, poétique de ce qu'aimer veut dire.
Jacky Katu dans son texte et sa mise en scène de "L'amour est convulsif ou ne sera pas" est d'une grande ambition : de l'exégèse des lieux communs sur l'amour à sa sublimation dans des tableaux vivants où sur une musique religieuse seront déclinés les positions du triolisme, rien ne sera oublié.
Toutes les formes de spectacle vivant seront ainsi réquisitionnées : chansonnettes, mimes, monologues, danses... Et cela toujours avec beaucoup de force et d'esprit.
Jacky Katu a l'ambition de créer un "théâtre-matériau", un théâtre total qui se servirait de toutes ses déclinaisons, de la pantomime au butô. Il s'appuie sur une troupe d'acteurs très concernés, Cecilia Dassoneville, Laure Millet, Sandra Rivero, Florian Guillaume, Manuel Lambinet et Mathieu Petriat, à l'aise dans toutes les disciplines et pour qui jouer est un évident plaisir.
Quand chacun des six acteurs a droit à son monologue, son récit des "horreurs de l'amour", il en profite pour donner un aperçu de ses capacités artistiques. Ce sont six moments d'émotion pure qui parsèment un spectacle aux mille surprises, où les idées fourmillent, qui ne passe jamais par la vulgarité et sait transcender toutes les trivialités.
Cette saine promenade au pays de l'amour, qui n'ignore pas que la mort n'en est jamais loin, fête la fusion d'Eros et Thanatos dans une vraie jubilation théâtrale qu'il ne faut vraiment pas rater.
|