Spectacle jeune public conçu et mis en scène par Ned Grujic interprété par Sébastien Bergery, Kaloo Florsheimer, Alexandre Guérin, Emmanuel Leckner et Jorge Tome.
Au début du vingtième siècle, Georges Méliès, illusionniste converti au cinématographe, enchantait petits et grands avec ses films. Fourmillant d'idées, cet homme inventif en vînt naturellement à vouloir reconstituer les chefs d'oeuvre d'un autre maître de l'imaginaire, Jules Verne.
Dans "Les Voyages fantastiques", Ned Grujic raconte cette rencontre extraordinaire et, pour y parvenir, fait appel à deux effets spéciaux qu'il maîtrise parfaitement : l'humour et la poésie.
Dans cette reconstitution drolatique d'un tournage de Georges Méliès, où tout s'enchaîne avec une fluidité étonnante, le public de 7 à 107 ans découvrira tout ce qui faisait la magie de ce cinéma des débuts. Des décors aux trucages, des monstres en carton pâte aux acteurs en scaphandres, tout s'agite et s'anime pour que l'homme à la manivelle imprime de la pellicule dans sa bizarre boîte carrée en bois.
Peut-être faudra-t-il, pour que les plus petits saisissent tout ce qui se passe, leur expliquer comment on tournait un film avant l'ère numérique et leur dire quelques mots sur Jules Verne.
Cette explication donnée, pas de raison pour qu'ils ne s'amusent pas autant que leurs parents de toutes les trouvailles bricolées par Méliès et par sa joyeuse bande méritante. Méritante, parce qu'ici le rythme est effréné et que chacun doit se métamorphoser en un instant, s'habiller en bébête ou en capitaine Nemo, participer à la mise en place du tableau suivant.
Pour atteindre cette perfection, il faut d'abord une vraie troupe d'acteurs rompus autant à l'art de la comédie qu'à ceux du cirque. Jorge Tome en Georges Méliès donne le ton à ses camarades Sébastien Bargery, Kaloo Florsheimer, Alexandre Guérin et Emmanuel Lecker.
Mais rien ne serait pareil sans l'écrin dans lequel ils brillent pour le plaisir de tous. Daniel Rozier a reconstitué le plateau du magicien-cinéaste, a su l'agrémenter de jolis éléments poétiques, comme ces vagues de carton sur lesquels le bateau que va couler le Nautilus est censé voguer.
Mention aussi aux nombreuses costumes et uniformes finement conçus par Karine Delaunay et au très efficace jeu de lumières d'Antonio de Carvalho.
Tout concourt donc à donner une autre illusion : celui d'un grand spectacle débordant d'énormes effets spéciaux poétiques. Ned Grujic réussit ainsi la même prouesse que son aîné Méliès : quand s'achèvera la promenade merveilleuse au pays des rêves verniens, on aura l'impression qu'elle n'aura duré que le temps de l'explosion d'une bulle de savon colorée.
En déployant des trésors d'astuce au service d'une transposition jubilatoire du cinéma de Méliès, tous les participants à ces "Voyages fantastiques" sont à féliciter. Ils méritent le Molière du spectacle qui donnera envie aux petits comme aux grands de revenir souvent au théâtre.
Pour l'heure, il faut vite réserver son billet pour ces inoubliables "Voyages fantastiques" ! |