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puce Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé (Le Mépris)
Théâtre de la Colline  (Paris)  mars 2015

Spectacle conçu et mis en scène par Nicolas Liautard, avec Jean-Yves Broustail, Jean-Charles Delaume, Aurélie Nuzillard, Fabrice Pierre, Wolfgang Pissors et Marion Suzanne.

"Le cinéma", disait André Bazin, "substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs. "Le Mépris" est l'histoire de ce monde".

Est-ce que, même en se proclamant prudemment "librement inspiré" par le film de Jean-Luc Godard et le roman d'Alberto Moravia, tout en utilisant pratiquement tout son dialogue, Nicolas Liautard pourrait en dire autant du théâtre, de son théâtre ?

Alors qu'il commence son spectacle par un simulacre de combat de boxe féminin, croit-il que le théâtre réduit à s'inspirer d'un film, peut combattre dans la même catégorie que l'une des plus grandes œuvres du septième art ?

Il y a quelques semaines, au même endroit, "Nos Serments" de Guy-Patrick Sainderichin et Julia Duclos prétendaient revisiter "La Maman et la putain" de Jean Eustache, autre monument cinématographique.

Le pari était déjà audacieux, voire périlleux, mais s'accompagnait d'une volonté de parler de la modernité d'aujourd'hui avec un matériau utopique d'hier, de chercher des correspondances et des différences entre les intellectuels post soixante-huitards et leurs ersatz de 2015.

Dans "Il faut toujours terminer qu'est-ce qu'on a commencé", avec la meilleure bonne volonté du monde, on cherchera en vain en quoi des variations sur "Le Mépris" peuvent concerner les hommes et les femmes du 21ème siècle.

Nicolas Liautard s'appesantit, par exemple, sur les discussions entre le scénariste et le cinéaste sur la nature du retour d'Ulysse à Ithaque. Si l'on a vu "Le Mépris", on se souvient que ces échanges entre Michel Piccoli et Fritz Lang s'accompagnaient d'images de statues grecques ou se déroulaient dans des lieux aussi magiques que la villa de Malaparte à Capri.

Et, surtout, sur le fond, il ne fallait pas les prendre totalement au sérieux. Tissu d'hypothèses abracadabrantes, ces discussions quasi idiotes meublaient le désœuvrement des deux hommes, dont l'un était soumis à des problèmes de couple.

Qu'un Godard, "ennemi" du scénario, ait pris pour héros un scénariste aurait dû mettre la puce à l'oreille à Nicolas Liautard. Confronté pour la première fois à une "super production", Godard s'amuse dans "Le Mépris" avec tout ce qu'il méprise : star, producteur, scénario, et les utilise au mieux pour signer un film sur le cinéma répondant à la définition bazinienne déjà citée.

Outre ses contresens sur ce que "Le Mépris" signifie, Nicolas Liautard commet une autre erreur : il a choisi de réduire la scène à un rectangle entouré dans la longueur de spectateurs se faisant face. Ses acteurs sont donc le plus souvent statiques sur une scène vide, et sans possibilité de mouvements, alors que dans le film, ils virevoltaient sans cesse dans un appartement hyper moderne.

Comme la prose du "Mépris" s'inspirait d'Alberto Moravia, spécialiste de l'étude des mœurs de la bourgeoisie italienne d'après-guerre, déjà sérieusement datée en 1963, la dispute entre Paul et Béatrice, qui n'est plus Camille comme chez Godard, paraît factice. Tout, dans le film et dans le livre reposait sur une interrogation : qu'est-ce qui fait naître ce mépris rédhibitoire chez une femme que son mari déçoit.

Godard disséquait ce monde bourgeois suranné, Nicolas Liautard est finalement obligé de le reconstituer pour le faire comprendre au spectateur de 2015.

Dommage qu'il n'ait pas réussi à se démarquer plus du chef d'oeuvre de Godard, car quand il s'autorise quelques facéties, comme ces séances "sous-marines" dans le noir, il installe enfin son théâtre. Hélas, une fois de retour dans "Le Mépris", il est de nouveau piégé par la mécanique godardienne.

Ainsi, quelle nécessité y avait-il à reprendre le personnage de la traductrice ? Dans le film, il s'agissait de montrer que Cinecitta était comme Hollywood une Babel du cinéma où l'on passait de l'anglais au français, de l'allemand à l'italien... Godard installait un systématisme des traductions qui rythmait les scènes, ici, cela conduit à les alourdir sans densifier le propos.

Evidemment, si l'on ignore le film et le livre, on trouvera à ce spectacle des touches absurdes dans un monde incongru qui, hors de toutes références, peuvent amuser. D'autant que les acteurs se donnent à fond et qu'il n'y a pas beaucoup de temps mort.

Cependant, on ne pourra que regretter que le titre choisi, "Il faut terminer qu'est-ce qu'on a commencé", perde son sens puisque la célèbre phrase est prononcé par Fritz Lang, l'un des génies d'un art qu'il a contribué à faire devenir un art, alors qu'ici son alter ego n'est plus qu'un fade cinéaste dénommé Wolfgang.

 

Philippe Person         
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