Monologue dramatique de Dario Fo et Franca Rame, interprété par Violaine Brebion (en alternance Amélie Manet) dans une mise en scène de Bérénice Collet.
En Italie, quand on parle de Dario Fo, on l'associe toujours à sa compagne de toujours, Franca Rame. Disparue l'année dernière, celle-ci a souvent co-écrit avec son mari et connu de grands succès théâtraux.
"Une femme seule", texte datant de 1977, fait partie de ses spectacles les plus célèbres. Elle y interprète la femme au foyer italienne dans toute la splendeur de son aliénation. Subissant violences et humiliations de la part des hommes, elle n'a finalement besoin que d'un peu d'écoute pour libérer sa parole.
Elle la trouve en faisant son repassage la fenêtre ouverte en écoutant trop fort "Give me, give me honey", le tube du groupe suédois Abba. Car, cette femme enfermée au foyer, "seule" dans une maison avec son bébé, son beau-frère invalide et un téléphone qui sonne pour que se défoulent les obsédés, découvre que, derrière la fenêtre qui lui fait face, se trouve une nouvelle voisine.
En monodialoguant avec cette présence bienveillante, et en gérant tous les bruits téléphoniques, les pleurs de bébé, les plainte de beau-frère et les tocs tocs de visiteurs contrariés par la porte fermée, elle acquiert la conviction que sa coupe est pleine.
Et, comme dans tous les spectacles de Dario Fo et de ses complices familiaux Franca Rame et Jacopo Fo, la vengeance est une farce qui sera terrible.
Pour qu'une pièce de Dario Fo soit efficace, Bérénice Collet a compris qu'il faut qu'elle aille à cent à l'heure. Sa mise en scène va aussi vite que la musique des mots. En créant un décor elliptique (une porte, une table basse à repasser, une corbeille à linge pleine de cravates, un téléphone et un fusil), Christophe Ouvrard apporte sa pierre à l'édifice.
Tout est donc parfaitement en place pour que la ménagère de bien moins de cinquante ans, jouée en alternance par Violaine Brébion et Amélie Manet, tire son épingle du jeu et un bon coup de fusil.
Drôle, corrosif, malicieux, "Une femme seule" confirme l'universalité de la troupe de Dario Fo et le réel intérêt de son théâtre, surtout s'il est, comme ici, servi avec modestie et intelligence. |