Comédie adaptée de l'oeuvre éponyme de Shakespeare, mise en scène de Mélanie Leray, avec Peter Bonke, Ludmilla Dabo, Laetitia Dosch, David Jeanne-Comello, Clara Ponsot, Yuval Rozman, Jean-Benoît Ugeux, Vincent Winterhalter et Jean-François Wolff.
Molière et Shakespeare se disputent la palme de l'adaptation par les acteurs de la jeune scène contemporaine encensés pour leur hardiesse iconoclaste, au demeurant formatée par moult clichés et un dispositif formel récurrent, qui rivalisent dans le registre du potache kitsch.
Mélanie Leray a jeté son dévolu sur "La Mégère apprivoisée" de Shakespeare et, pour "revisiter" l'oeuvre, elle a pris soin de recourir à une nouvelle traduction opérée par Delphine Lemonnier-Texier.
Celle-ci, qui ne restera pas dans les annales, respecte toutefois la trame originale d'une comédie qui brocarde l'institution du mariage dans une société patriarcale prônant les vertus de l'autorité masculine et de la soumission féminine.
Le propos est transposé dans les années 1970 dans un univers "bling-bling" avant l'heure qui résulte d'une étonnante hybridation iconographique italo-américaine avec un décor aux couleurs pop, conçu par David Bersanetti, qui évoque a l'envi aussi bien un hall de casino vegassien, un plateau d'émission de variétés de télévision berlusconienne ou du Festival de San Remo aussi bien qu'un club dans lequel chante une diva afro à l'allure de panthère noire (Ludmilla Dabo).
Le spectacle est introduit par un étonnant prologue étonnant composé d'un discours de la reine Elizabeth 1er exaltant ses troupes à la bataille suivi de la présentation d'une femme muselée par une bride de mégère, instrument de contention lingual qui fut réellement utilisé, qui ne laisse en rien augurer ce qui va suivre.
Dans un univers de pacotille, de vacuité, de vénalité et de vulgarité, se déroule un feuilleton à l'américaine de la grande époque saupoudré de téléréalité, un "Dallas" métissé avec "Les feux de l'amour" et "The Real housewives", parsemé de proférations au micro et de vidéos avec filmage castorfien.
Le jeu, à l'avenant, est dispensé par une distribution babelienne qui se régale dans la caricature, avec un festival d'accents, ou le numéro d'acteur : Peter Bonke, campe un père aux allures de vieux beau mafieux soucieux de marier ses filles, sa préférée, la cadette charmante et docile (Clara Ponsot) qui fédère les prétendants (Yuval Rozman, Jean-François Wolff, David Jeanne-Comello) et l'aînée, la laissée pour compte, acariâtre et velléitaire, (Laetitia Dosch) qui va trouver chaussure à son pied avec un coureur de dot (Vincent Winterhalter) secondé par son valet (Jean-Benoît Ugeux).
Les billets tombent des cintres, Cat, la mégère est une féministe amoureuse et tout est bien qui finit bien dans un monde où les billets tombent du ciel. Mais la comédie a un goût de champagne éventé. |