Réalisé par Richard Copans. France. Documentaire. 1h30 (Sortie le 25 mars 2015). Avec la voix de Dominique Blanc.
"Je me souviens de l'émission de jazz de Sim Copans" est le 190ème "Je me souviens" de Georges Perec.
C'est tout à la fin de son film, "Un amour (Roman)" que Richard Copans en fait la révélation. Aveu tardif que l'on révèle d'emblée car c'est lui qui donne tout son sens à ce documentaire chaleureux et touffu, mais dont la rigueur formelle n'est pas vraiment le souci.
Reconstituant son "roman familial", à l'aide notamment des lettres que ses parents s'échangeaient pendant la guerre 1939-1945, Richard Copans a été confronté à bien des "trous" biographiques. C'est là qu'est intervenue la romancière Marie Nimier, coauteur du scénario, qui l'a aidé à les combler, à les enrichir d'un" vraisemblable imaginé".
C'est donc dans le tourbillon de la grande Histoire du siècle passé que s'inscrivent les amours de Lucienne, la petite vendeuse de la librairie Gallimard, picarde montée à Paris dans les années 1930, et de Simon, dit Slim, le brillant étudiant américain francophile et progressiste.
Sous fond de jazz et de Front populaire, de guerre contre Hitler et de rêve communiste, Richard Copans raconte la belle romance vécue par deux belles personnes. Bien entouré par la musique de Michel Portal, la voix de Dominique Blanc et le texte de Marie Nimier, il livre un récit émouvant bourré de personnages et d'anecdotes d'où émerge, magnifiée, le couple formé par son père et sa mère.
Résonne l'écho de ce jazz qu'aimait tant Sim Copans, qui animera pendant trente ans cette émission qu'écoutait le jeune Georges Perec et créera le festival désormais incontournable de Souillac.
Résonnent les rêves de fraternité communiste, ceux partagés généreusement par des millions de gens sans autres arrière-pensées que de vivre un bel et grand idéal.
Résonne la nostalgie d'un temps révolu, qu'on ne doit pas oublier ou laisser à d'autres beaucoup moins bien intentionnés.
C'est pour toutes ces résonances qu'il faut voir "Un amour (Roman)" de Richard Copans. S'il n'a pas pour ambition d'être un modèle de documentaire, il pourrait néanmoins obtenir la palme du cœur et de la sincérité. Cet exercice d'amour filial porte en lui des ondes positives dont il ne faut pas se priver. |