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Théâtre du Rond-Point  (Paris)  mars 2015

Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Nancy Huston, mise en scène de Catherine Marnas, avec Julien Duval, Pauline Jambet en alternance avec Élisa Voisin avec Franck Manzoni, Sylvie Orcier, Olivier Pauls, Catherine Pietri, Bénédicte Simon et Martine Thinières.

Les nombreux lecteurs de Nancy Huston, même s’ils n’ont pas lu "Lignes de faille", peuvent aller en toute confiance voir l’adaptation théâtrale fort réussie qu’en a tirée Catherine Marnas.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’œuvre puissante de l’écrivaine canadienne anglophone, qui a choisi la langue française pour écrire ses romans et ses essais, il faudra peut-être un petit temps pour entrer dans un univers sans concession tant sur la forme que sur le fond.

En plus, la construction de "Lignes de faille" est d’une grande originalité puisqu’elle est organisée sur une succession de retours en arrière donnant des éclaircissements sur celui qui a précédé. À chaque fois, c’est un "enfant" qui raconte et qui approfondit les béances introduites dans les scènes précédentes.

Quand débute "Lignes de faille", tout semble ainsi rapidement chaotique. La famille type américaine d’aujourd’hui, un instant au centre de l’intrigue, prend très vite une tournure bizarre. Le père et la mère sont athées, mais se sont convertis au protestantisme. Le père, né d’une mère catholique devenue juive orthodoxe, a eu une éducation judaïque, avant de s’en détacher.

Il déteste les Arabes et veut, puisqu’on est sous la présidence Bush, partir faire la guerre en Irak post-Saddam Hussein. Sa grand-mère, allemande, est une chanteuse de variété qui a vécu une vie libre et continue d’être en froid avec sa fille dont elle ne supporte pas l’obsession pour le 3e Reich et particulièrement pour son programme d’aryanisation.

Ce méli-mélo où s’entrechoquent des moments terribles de l’histoire du 20ème siècle pourrait très vite sombrer dans le n’importe quoi ou pire encore dans un triste catalogue d’apitoiements bien-pensants.

C’est mal connaître Nancy Huston, qui mène avec une aisance diabolique cette fresque où Sabra et Chatila voisinent, entre autres, avec le nazisme, la baie des Cochons, le destin tragique de Marilyn Monroe, les mensonges de la famille Bush, les bombardements sur Dresde, les beatniks et Israël.

Dans cette version moderne des "Quatre Cavaliers de l’Apocalypse", se dessine un monde circulaire où, comme dans la théorie de l’effet papillon, chaque événement peut avoir des répercussions imprévues, et dans lequel le bien et le mal changent constamment de visage et de camp.

Catherine Marnas a reconstitué quatre tableaux où l’on revoit certains personnages à tous les âges de leurs vies. Elle a habilement ménagé le suspense final et chaque retour en arrière gagne en intensité.

La première partie, qui rassemble la scène initiale se déroulant dans les années 2000 à laquelle succède une plongée dans les années 1980, peut encore laisser sceptiques quelques spectateurs sur l’intérêt de cette construction. La seconde partie, qui fait escale au début des années 1960 avant de s’arrêter dans l’Allemagne sous les bombes en 1944-45, convaincra tout le monde dans un final d’une théâtralité époustouflante.

Mention à toute la distribution, où chacun doit interpréter plusieurs personnages ou des personnages à des âges différents. Mention à la scénographie toute simple de Carlos Calvo et Michel Foraison, qui construisent à chaque fois autour d’une table une ambiance bien en phase avec chaque période revisitée. Mention particulière aux lumières de Michel Theuil, notamment aux effets lumineux qui parcourt les sols, et aux costumes très expressifs exprimant avec bonheur chaque époque.

A l’heure où bien des pièces étirent effrontément leurs pâles intrigues, il faut souligner encore une fois la force, la richesse de la matière créée par Nancy Huston et retranscrite avec un rare bonheur par Catherine Marnas.

Ne cherchant pas à "réinterpréter" la romancière, elle réussit à transformer "Lignes de faille" en un indiscutable objet théâtral.

 

 

Philippe Person         
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