Concert dirigé pat Maxime Pascal avec au chant Julie Fuchs et Léa Trommenschlager.

Le Balcon est un orchestre à géométrie variable, créé en 1998 et dédié à la création et à l’interprétation de tous les répertoires sur instruments sonorisés.

Ses membres, parmi lesquels Pedro Garcia-Velasquez, compositeur colombien d’à peine trente ans, auteur de "Théâtre acoustique II, Fête dans le vide" qui sert de première partie au concert, cherchent à développer un nouveau concept de concerts de musique contemporaine.

Conscients des résistances du public pour cette musique, ils réfléchissent sur les moyens de le convaincre qu’elle n’est pas destinée qu’à quelques spécialistes et qu’elle peut procurer plaisir et émotion à un large auditoire.

Le cas de la pièce de Pedro Garcia-Velasquez est significatif. Il a travaillé le climat sonore pour raconter un "monodrame" presque gore que l’on écoute sans jamais décrocher. La soprano Léa Trommenschlager emporte l’auditeur dans un voyage quasi traumatique, l’entraîne dans son sillage même s’il se sent très éloigné de la musique électroacoustique.

Quand Maxime Pascal, le directeur musical revient pour diriger les "4 chants pour franchir le seuil musique" de Gérard Grisey, les non-initiés sont donc à l’unisson de ceux qui connaissent déjà le travail didactique de l’orchestre Le Balcon.

Gérard Grisey, compositeur électroacoustique malheureusement disparu prématurément en 1998, a développé le concept de musique "spectrale" ou "différentielle", entendant restituer au son sa primauté dans la musique. Ses "4 chants" évoquent la mort dans quatre civilisations.

Œuvre qui est peut-être le chef d’œuvre de son créateur, elle n’est pas sans accents beethovéniens et se révèle d’une grande ampleur, avec des variations subtiles entre l’intime et la démesure. Tenant constamment son sujet, elle évoque la mort sans aucune morbidité et s’achève en une apothéose d’émotions tenue fermement par la voix et le charisme de la soprano Julie Fuchs.

Contrairement aux préjugés qui s’accrochent toujours à cette musique "sonore", elle n’est pas soumise à la domination sans partage de ses percussions. Si celles-ci jouent un rôle non négligeable dans leurs compositions, elles n’empêchent pas Pedro Garcia-Velasquez et Gérard Grisey de s’appuyer également sur les instruments à vent et à cordes.

Le violon de You-Jung Han, la trompette de Nicolas Châtelet sont essentiels chez Garcia-Velasquez, la harpe de Clara Izambert a son importance dans les "4 chants" de Grisey.

Cette collaboration fructueuse entre Le Balcon et l’Athénée prenait pour la première fois la forme d’un concert. Les années précédentes, et notamment l’année dernière avec "Le Viol de Lucrèce" de Benjamin Britten, elle donnait lieu à la création d’opéras. Ce sera de nouveau le cas en mai avec "Lohengrin", opéra de Salvatore Sciarrino et "Avenida de los Incas 3518" de Fernando Fiszbein, et en juin avec "La Métamorphose" de Michaël Levinas.

Nul doute que ces créations reçoivent un accueil aussi enthousiaste que celui mérité qu’a connu le concert consacré à Gérard Grisey et Pablo Garcia-Velasquez.