Comédie dramatique de Mark Medoff, mise en scène de Anne-Marie Etienne, avec Catherine Salviat, Alain Lenglet, Françoise Gillard, Laurent Natrella, Nicolas Lormeau, Elliot Jenicot et Anna Cervinka.

Adaptée en France il y a près d’un quart de siècle, avec la comédienne Emmanuelle Laborie, qui décrochera un Molière d’interprétation, "Les Enfants du silence" de Mark Medoff, pièce très américaine, très "Broadway", est présentée pour la première fois à la Comédie-Française.

L’intrigue, un peu simpliste, présente les démêlés d’un orthophoniste, professeur dans une école de sourds, avec une élève récalcitrante, hostile à l’apprentissage d’un langage qui la sortirait de son univers.

Bien entendu, sucre oblige, le jeune homme tombera amoureux de la rebelle, qu’il apprivoisera plus ou moins. On songe parfois au merveilleux "Miracle en Alabama", mais le propos est si naïf, la théâtralité si basique, que l’émotion ne s’installe jamais.

La compassion n’engendrant pas la passion, on assiste à cette "sit’com" ponctuée de petites notes de piano convenues en se concentrant sur le jeu des comédiens, excellents et combattifs.

Alain Lenglet, toujours très fin, incarne un directeur d’institution, sans que sa partition donne le pouvoir à son talent. De même pour Catherine Salviat, émouvante en mère lointaine et peu aimante, et Nicolas Lormeau en avocat douteux, qui ne comprend rien aux sourds.

Le remarquable Elliot Jenicot tire son épingle du jeu en incarnant un "mal-entendant" revendicatif et inflexible ainsi qu’Anna Cervinka, nymphomane toujours refusée. Laurent Natrella est distribué dans le rôle du professeur, "bobo" sentimental sans vraie épaisseur ni humanité.

Enfin, Françoise Gillard, dans le rôle de Sarah la sourde, prouve, une fois de plus, combien elle travaille ses rôles en profondeur. La mise en scène d’Anne-Marie Etienne ne peut sauver un texte filandreux. La troupe que l’on aime fait pourtant tout ce qu’elle peut, avec une grande sensibilité.