Spectacle conçu et mis en scène par Vlad Troitskyi, avec Yevhen Bal, Vasyl Bilous, Natalka Bida, Maksym Demskyi, Tatyana Havrylyuk, Roman Iasynovskyi, Ruslana Khazipova, Vira Klimkovetska, Solomiia Melnyk, Semen Mozgovyi, Andrii Palatnyi, Nikita Skomorokhov, Tetyana Vasylenko, Vyshnya et Zo.
"Le Roi Lear - Prologue" et "Viï - Le Roi Terre" deux des volets d'une trilogie consacrée à "l'Ukraine mystique" présentés par Vlad Troitskyi, comédien, metteur en scène et fondateur du Théâtre Dakh implanté à Kiev, avaient constitué deux des révélations majeures de l'année 2012.
En 2015, dans le cadre de la 10ème édition du Festival Le Standard idéal initié par la MC 93, le Théâtre Dakh revient en France dans le même registre d'un théâtre radical et organique avec "La Maison des chiens", une partition unique et saisissante qui traite de la situation politique et humaine de l'Ukraine contemporaine.
Avec la collaboration attitrée du dramaturge Kim, il l'aborde de manière métaphorique, à partir d'une réflexion sur la pièce "Oedipe-roi" de Sophocle et la résonance de la malédiction des Atrides avec la tragédie historique du peuple ukrainien "opprimé et abandonné de Dieu", tout en dressant un état des lieux sans concession sur l'état d'esprit ukrainien, prisonnier d'un goulag mental, qui, par nostalgie soviétique du prêt-à-penser et partisan du moindre effort, se retranche derrière une position victimaire pour rester dans l'attentisme et l'immobilisme passéiste.
Et pour que l'humanité ne soit pas laminée, l'homme ramené à l'état de chien apeuré et encagé qui quémande la nourriture de son maître, il est surtout question de liberté, de dignité, de combat pour sa patrie et la culture ukrainienne, une culture ancestrale, archaïque et mystique, et d'espérance signifiée par les fleurs destinées à la centurie céleste de Maïdan.
Le propos est d'autant plus poignant qu'il est soutenu par une scénographie carcérale singulière et résolument immersive tant au plan que sensoriel que réflexif conçue par Vlad Troitskyi et Dmystro Kostyu-Mynskyi qui procède à la suppression du fameux 4ème mur de manière efficace en plaçant le spectateur dans une situation inhabituelle.
En effet, dans un premier temps, le public est installé en quadrifrontal et en surplomb au-dessus de l'espace scénique. Dans un second temps, il est assis en-dessous de celui-ci, selon des modalités dont la primeur doit être laissée au spectateur, pour assister à la seconde partie du spectacle en appelle à la la foi et à la miséricorde divine pour échapper au chaos et à l'engloutissement de l'âme.
Une foi qui est aussi celle du théâtre engagé des comédiens, qui sont aussi chanteurs, musiciens et régisseurs, de la jeune troupe du Théâtre Dakh. |