Comédie dramatique de de Wolfgang Borchert, mise en scène de Lou Wenzel, avec Jan Peters, Lorène Menguelti, Pierre Mignard, Nathalie Nell, Richard Pinto et Valentine Vittoz.
Un homme revenant de la guerre au bout de trois ans se jette à l'eau mais rate son suicide et se met à errer dans une Allemagne qu'il ne reconnaît pas et dans laquelle il ne parvient pas à trouver sa place.
"Dehors devant la porte" de Wolfgang Borchert, auteur allemand mort à la veille de la première en 1947, nous entraîne dans la dérive de cet homme confronté à la difficulté du retour. Affublé d'un manteau trop grand pour lui et de lunettes de masque à gaz, Beckmann va d'hallucination en hallucination, tel un candide dans son pays en pleine mutation.
Lou Wenzel, déjà appréciée comme comédienne dans nombre de créations (notamment de son père, Jean-Paul Wenzel) livre ici une mise en scène tout aussi dépouillée et rythmée, belle et forte où elle restitue avec talent l'univers à la fois absurde et fantastique de Wolfgang Borchert dans des tableaux souvent magnifiques où l'humour cotoie le désespoir avec une grâce permanente.
Un beau travail pour lequel elle s'est entourée de formidables comédiens : Pierre Mignard qui donne à la fois de la naïveté et du tragique au personnage de Beckman, Lorène Menguelti savoureuse en directrice de spectacles, Nathalie Nell qui compose des personnages marquants, Valentine Vittoz, touchante et drôle, Jan Peters et Richard Pinto, aussi inquiétants l'un que l'autre, aux présences indiscutables.
Comme dans un cauchemar, le lent voyage de Beckmann trouble quant à ce qu'il renvoie de la folie de la guerre et de la déshumanisation qu'elle entraîne.
Un spectacle dont la noirceur caustique atteint et marque profondément. |