"Je reviens, je reviens, encore. Tu n'as même pas vu, que j'étais partie alors" ("Je reviens", sur l’album Faux Mouvement en 2000). Nous, si ! Cruellement depuis notre dernier rendez-vous… en 2004.

Avec quatre albums depuis 20 ans, Autour de Lucie est un groupe rare et précieux dont chacune des sorties vient combler une attente exaltée. Un parcours paisible et prudent dont les étapes, toujours guidées par la sincérité et la sagesse, donnent lieu à d’ardentes retrouvailles. Dernière en date, "une petite pause de dix ans au cours de laquelle j’ai appris à lâcher prise" confiera Valérie Leulliot dans une Maroquinerie comble pour son concert retour du 9 avril dernier.

Si la géométrie a toujours été variable autour d’elle (un collectif ouvert, à l’image du label indépendant Village Vert, 1993-2009, dont elle fut la protégée), sa sensibilité et son authenticité sont constantes. Une délicatesse et un romantisme caractéristiques de cette pop anglaise mélodieuse et tourmentée (la vague C 86, The Pastels en tête) dans la roue de laquelle s’est glissée la formation pour une Échappée Belle triomphante en 1994. Soit l’accord parfait entre fragilité (la peur d’être heureux, la nostalgie) et efficacité rock, qu’il soit puissant ou épuré voire folk.

C’est d’ailleurs dans une formule guitare/piano/voix, avec le multi-instrumentiste Sébastien Lafargue, qu’on retrouva Valérie sous son propre nom en 2007 (le profond et brûlant Caldeira). Une coopération fructueuse puisque le duo a entièrement écrit et composé ce cinquième effort, avec la collaboration du batteur Antoine Kerninon dont la prestation scénique de ce début de mois (du swing jusqu’à des rythmes syncopés) est loin d’avoir laissé le public immobile.

Parti en éclaireur il y a deux ans, à l’occasion du Disquaire Day, le foudroyant single éponyme a rallumé la flamme et fait naître une lueur d’espoir. Une lumière familière avant d’être particulière – ouvrage lettré, riff entraînant, enluminures électroniques et chœurs évanescents – dont on ne se "Détache" pas. Transporté par un "Cheval Étincelle" au galop (en hommage à Mark Linkous, le leader disparu de Sparklehorse) fonçant "Où ça va", le feu gagne bientôt les terres de Saint-Étienne (une voix suave, rivalisant avec celle de Sarah Cracknell, sur un beat discoïde). Un embrasement que l’eau calme d’une "Îlienne" et de "Brighton Beach" viennent contenir et dont il ne restera finalement qu’une bougie qui scintille pour qui s’est éteint en chemin ("C’est là que je descends").

Chaleureuse comme les premiers rayons du printemps, la lumière particulière d’Autour de Lucie irradie le corps et le cœur. Une source céleste d’énergie et de clairvoyance.