Cette fois, je vous passerai le couplet sur le temps passé à chercher un nouvel album dans l'immense liste des titres à chroniquer. Non que ce fut plus aisé que d'habitude, mais disons qu'une certaine forme de routine s'est instaurée dans ce rituel, et je n'aime pas parler de la routine. Sofia Bolt non plus. Parlons d'elle.

Niveau lien de parenté, Amélie Rousseaux de son vrai nom, est cousine du sieur Ignatus. On apprend sur le magique internet que c'est ce même oncle qui lui a offert sa première guitare. Comme quoi les histoires de famille, c'est aussi beau. Parfois. Mais la génétique peut être capricieuse, j'ai bien un cousin qui excelle dans la finance, et mon compte en banque…

Voyons donc sans rien en présupposer ce qu'il y a dans le ventre de ce deuxième EP, Strange reactions.

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C'est du rock. On est à la source. A poil, les sentiments à fleur de peau, sans calculer, en se laissant emporter par l'énergie quitte à être pas tout à fait juste, pas tout à fait en place, pas comme il faut… quitte à dépasser les lignes. Bref du rock. Pas un truc qui sonne plus fort, plus saturé, plus hard, plus… non. Juste rock. Et ça fait du bien. Le côté bancal fait forcément penser à la vague grunge des 90's mais ce serait réducteur. Cela me rappelle surtout ce rock qu'on jouait dans les garages des parents, les locaux de répet de MJC, et les concerts qui suivaient. Mais si j'ai eu un moment d'hésitation sur les premières notes chantées - l'imperfection va-t-elle être gênante ? - le doute a été rapidement balayé. Il y a une nonchalance limite provocatrice, un côté diva du rock dans la voix de Sofia Bolt, un charme fou en fait.

Quelqu'un a sûrement dit un jour : "la beauté est dans les défauts" (si personne ne l'a fait, c'est le moment de le souffler à Paulo Coelho) et c'est bien ce que nous prouve Sofia Bolt, avec talent. Les titres se suivent et ne se ressemblent pas. On se prend les riffs de guitare dans la gueule, on se pose un instant sur le fil délicat de la mélodie pour ensuite tracer la route, poussé par la batterie comme dans ces courses-poursuites où la voiture du héros risque de se retrouver dans le décor culbutée par une Chevrolet Impala de 1961. Mais malgré la vitesse et l'état de la route, Sofia Bolt et ses musiciens tiennent le coup jusqu'au bout.

[] Stop

Il y a ici des influences de toutes les décennies du rock, ce style dont on proclame la mort et la résurrection tous les dix ans, justement. En pleine vague électro, alors que le synthé a trouvé sa place dans toutes les productions du moment (comme la guitare saturée en son temps), Strange Reactions souffle un vent de jeunesse et de fraîcheur. Je n'avais jamais écrit autant de fois le mot "rock" dans un même texte, probablement parce que c'est ça.