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Théâtre des Halles  (Avihnon)  avril 2015

Comédie dramatique de Pierre Notte, mise en scène de Alain Timár, avec Olivia Côte et Salim Kechiouche.

Après une catastrophe, une tour de bureaux s'est effondrée, on ne sait dans quelles circonstances et ne subsiste à ciel ouvert surplombant les ruines, qu'un semblant de ce qui fût un bureau.

Sur celui-ci, deux de ses occupants, deux collègues : la cadre et l'assistant, qui vont devoir gérer l'après. Tandis que des échafaudages sont installés pour rien, car ce qui s'est effondré n'est pas réparable, les deux continuent à faire comme si.

L'attente était grande de voir la rencontre entre l'univers de Pierre Notte, auteur prolifique qu'on ne présente plus et Alain Timar, metteur en scène de talent et directeur du Théâtre des Halles d'Avignon qui a choisi de mettre en scène ce texte. Dès les premières minutes de ce nouveau spectacle, on sent que cela fonctionne.

Sur la scène immense, seul un plan légèrement incliné à quelques mètres du sol (mais qui évoluera bientôt...) sert d'aire de jeux pour les comédiens. Autour au sol, des tissus froissés figurent un décor post-apocalyptique dont les deux personnages portent aussi sur eux les marques : vêtements striés de blanc, maculés de poussière ou de plâtre.

Peu à peu, ils s'apercevront qu'autour, tout a disparu. Pourtant, elle, la supérieure, semble faire comme si rien n'avait eu lieu et lui réclame un rapport sur un dossier en cours dont lui ne voit aucunement la nécessité. La volonté de maintenir à tout prix illusoirement le fonctionnement de l'entreprise créé le burlesque. L'affrontement peut commencer.

Dans ce texte étincelant, Pierre Notte aborde de façon détaillée un thème jamais autant exploité dans son œuvre : le rapport au travail. La façon dont apparaît la relation, standardisée, hiérarchisée à l'extrême, prête à rire autant qu'elle glace. Au fil des répliques, on découvre les petites animosités entre collègues, les jalousies et l'absurdité d'un monde basé sur les apparences où la cadre est le pur produit d'une entreprise qui l'a "déshumanisée" totalement à force de rentabilité et de compétitivité forcenées.

Elle aura d'ailleurs un cri de douleur qui résume tout son personnage quand elle perdra ses cartes de visites tombées dans le vide : "mon réseau c'est toute ma vie !". Tout le grotesque naît de la confrontation entre ces deux caractères antagonistes : elle, qui se raccroche désespérément à la seule chose qu'elle a, son pouvoir, et lui qui vit les choses avec beaucoup plus de bon sens, convaincu de ne pas vouloir plus de prérogatives (mais attaché néanmoins à ses habitudes et au seul élément de vie dans son bureau, son ficus).

Etant peu à peu forcée de voir la réalité, elle maintiendra le plus longtemps possible le rapport dominant/dominé jusqu'à ce que les choses s'inversent... La fin lui fera prendre conscience de son infinie solitude et de son besoin vital de rapport humain.

Le duo choisi par Alain Timar fonctionne à merveille. Olivia Côte nous régale de son personnage de cadre au bord du burnout, évidemment représentative de toute une génération. Sa sensibilité doublée d’une large palette de jeu (lorgnant même vers le clownesque) est efficace, son personnage nous parle tant il est révélateur de l'échec de notre monde occidental.

Lui, c'est Salim Kechiouche dont la sympathie et la simplicité de jeu provoquent instantanément l'empathie du public. Son personnage au contraire de sa collègue, vit les choses avec générosité et lucidité. Dirigés avec une grande précision, ils sont épatants.

Avec ces deux excellents interprètes, les répliques courtes acérées mais irrésistiblement drôles de Pierre Notte font mouche. On a l'impression d'assister à un match de ping-pong entre deux champions qui se renverraient les balles inlassablement et dont aucun ne voudrait lâcher le moindre point. La mise en scène d'Alain Timar, élégante et soignée, fait ressortir avec le plus d'acuité possible la portée à la fois drôle et tragique du texte.

"Pédagogies de l'échec", comédie cruelle, nous renvoie à notre monde malade qui telle la plateforme qui s'incline de plus en plus pour finir à quarante-cinq degrés (jusqu'à demander aux comédiens de vraies prouesses physiques et offrir un final haletant), sombre peu à peu dans l'abîme. A moins qu'il ne reste peut-être une possibilité de créer un rapport autre, plus humain. Et de sauver la vie.

 

Nicolas Arnstam         
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