Comédie dramatique de Isabelle Sorente, mise en scène de Nicolas Gaudart, avec Ghita Serraj, Louise Corcelette Marjorie Ciccone et Lani Sogoyou.
Dans un open space aseptisé (scénographie efficace de Till Lucas), quatre collègues secrétaires au retour du week-end échangent sur leurs vies avec une troublante similitude dans leurs comportements.
Les rêves et des fantasmes de chacune bientôt transparaissent. Et l’une d’elle, la plus fragile, qui devient soudain le bouc émissaire de toutes leurs frustrations.
Souvent jouée, la comédie féroce d’Isabelle Sorente montre la femme moderne esclave de la dictature de la mode, de la publicité et des magazines féminins.
Standardisée dans son entreprise, celle-ci a perdu toute humanité et la farce cruelle montrant un petit groupe sombrer insidieusement dans la barbarie est aussi sombre qu’elle est réellement représentative de notre société. Certes, le trait est grossi mais la dérive montrée dans la pièce ne semble pas si lointaine que ça…
Sur scène, quatre comédiennes énergiques, Marjorie Ciccone, Louise Corcelette, Ghitta Serraj et Lani Sogoyou, rendent sans temps mort et avec une grande homogénéité cette histoire qui se déroule sous nos yeux, oppressante et anxiogène. Le rire fait place au malaise assez rapidement.
Dommage toutefois que Nicolas Gaudart, qui dirige par ailleurs ses interprètes avec beaucoup de talent, ait choisi de forcer le trait quant à la monstruosité du trio, le fait que ce soient presque des "marionnettes", comme le suggère leurs mouvements, rend moins surprenante l’issue fatale (et de fait les personnages peut-être moins crédibles).
"Hard Copy" par la Compagnie des Corps Saints est néanmoins un spectacle largement réussi, décapant et marquant qui nous oblige à reconsidérer nos relations de groupe et notre rapport au travail. Mention spéciale à Ghitta Serraj (la victime), bouleversante. |