Monologue de Pierre-André Hélène dit par Véronique Fourcaud dans une mise en scène de Théodora Mytakis.
Un bureau avec un encrier et une plume, un siège à bascule, une cheminée avec quelques pots de confiture, un piano avec une partition de Chopin, quelques cadres avec des portraits ou un dessin du château de Nohant.
Tout est en place pour qu'elle survienne, telle qu'on la connaît tous, c'est-à-dire aimable mais imposante, sûre d'elle-même jusqu'à l'orgueil mais pleine de passion pour la vie et pour sa vie qu'elle a décidé de coucher sur le papier.
Auteur d'une œuvre impressionnante, que ses détracteurs considèrent comme l'apothéose du "style coulant" et que Balzac, Hugo et les autres géants du 19ème siècle admiraient, George Sand, magistralement campée par Véronique Fourcaud, n'a pas trop d'une heure pour en exposer les grandes lignes synthétisées par Pierre-André Hélène.
Ce qui n'aurait pu être qu'une fantaisie didactique, telle qu'on pouvait jadis les écouter dans des pièces radiophoniques, et qu'un copier-coller "Wikipédia" met à la portée de n'importe qui, est, au contraire, un récit vraisemblable d'une existence extraordinaire.
Ne se perdant pas dans les détails, tout en contant quelques anecdotes bien choisies, le texte de Pierre-André Hélène dresse un portrait savoureux de la bonne dame de Nohant et permet à Véronique Fourcaud de se glisser avec flamme et malice dans le personnage.
Souvent la plume à la main à sa table de travail, elle ne se contente pas de réciter cette vie hors du commun, elle la restitue. Peu à peu, George Sand est là, toute proche des spectateurs, dans une intimité parfois impudique où l'émotion affleure. Oui, elle a aimé, parfois trop, parfois mal.
Avec appétit, avec la générosité d'une amoureuse conquérant sa liberté ou la mesquinerie d'une paysanne berrichonne. Tout défile à bride abattue dans cette vie de cavalière. Ses amis, ses amants, ses ennuis... et ses bonheurs.
Ecrire, aimer, admirer, Véronique Fourcaud fait passer avec un grand talent tout ce tumulte sans jamais oublier que ce monument, ce "monstre sacré" de la littérature française, n'oubliait pas de rire d'elle-même.
"Moi, George Sand" est un joli hommage à celle qui mérite d'être lue et relue. À l'unisson du texte et de l'interprétation, la mise en scène et en lumière de Théodora Mytakis permet à petites touches précises de pénétrer dans l'univers d'une femme d'exception. |