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puce Titli, une chronique indienne
Kanu Behl  mai 2015

Réalisé par Kanu Behl. Inde. Drame. 2h07 (Sortie le 7 mai 2015). Avec Shashank Arora, Shivani Raghuvanshi, Ranvir Shorey, Amit Sial, Lalit Behl et Prashant Singh

L'année dernière, "The Lunchbox" de Ritesh Batra avait montré la voie à un cinéma indien, qui, sans se renier, pouvait emprunter une forme plus occidentale que le cinéma bollywoodien, pour gagner en universalité.

"Titli, une chronique indienne" de Kanu Behl confirme cette possibilité, cette fois-ci sur un terrain moins romantique.

Pour sa première fiction, le cinéaste, qui vient du documentaire, s'est appuyé sur ce qu'on pourrait appeler un "thriller social", décrivant la désagrégation d'une famille de petits malfrats, pour donner à voir une société indienne dont la dureté semble exacerbée par les bouleversements nés du vertigineux décollage économique actuel.

Kanu Behl montre avec précision la dualité d'un monde où les personnages vivent dans un quotidien archaïque, notamment dans des maisons déglinguées qu'on aurait pu voir dans certains films naturalistes d'antan, et se retrouvent, en quelques minutes de motocyclette, dans des décors urbains modernes de la banlieue de Delhi.

Titli, le héros du film, est lui-même dans cette presque schizophrénie : respectant les usages du clan familial, acceptant un mariage forcé, il n'a pour rêve qu'un ailleurs qui prend la forme de places de parking à acheter dans un building de standing en construction.

Portant le film sur ses épaules, Shashank Arora, le jeune acteur qui joue Titli, a une présence étonnante. On a peine à croire qu'il fait, tout comme sa partenaire Shivani Raghuvanshi, ses grands débuts à l'écran. Sa capacité à ne pas parler mais à regarder, ses expressions plus ou moins contrôlées, ses paroles qui surgissent de son désert de mots, la manière qu'il a de recevoir en silence les coups qui pleuvent sur lui, le classent d'emblée du côté des jeunes acteurs "Actor's Studio".

Cela pourra paraître saugrenu, il y a en lui quelque chose de Pacino et l'on reconnaît dans sa quête obsessionnelle de se sortir coûte que coûte de cette famille qui porte malheur, même au prix de la plus terrible des trahison, des similitude avec des héros de Scorsese.

Car la famille de Titli, dont le prénom signifie "Papillon" est un condensé de poisse et de violence, de bêtise et d'abjection. Comment celui qui incarne la légèreté dans ce monde de brutes épaisses peut-il avoir encore l'envie, voire la simple idée, de vouloir s'en échapper ? C'est l'essentielle question d'un film qui accumule les moments forts.

Les deux frères et le père de Titli, acteurs aguerris, poussent leurs scènes vers une tension extrême. Rarement, on aura vu un acteur qui sait faire passer une telle sauvagerie sur son visage que Ranvir Shorey. En contrepoint, le père, joué - est-ce le fruit du hasard ? - par le père du cinéaste, s'est construit des traits d'une mollesse malsaine qui exprime avec vertige le dégoût de soi. La scène de "rupture" entre lui et Titli est d'une force peu commune.

Si le film porte une part d'ombre et décrit à l'indienne cette atroce médiocrité que l'on trouve dans les romans de Simenon, il cherche cependant à trouver une sortie dans la lumière. C'est l'objet de la rencontre impossible entre Titli et Neelu. On quitte alors le roman très noir pour un roman anglais, entre Dickens et Thomas Hardy. C'est aussi toute la force de "Titli" de Kanu Behl de proposer de vrais ruptures de ton au gré des vies montrées ou démontées.

Au bout du compte, hors de la résolution en presque "happy end" de cette tragédie grecque en hindi, "Titli" de Kanu Behl est un film qui ne concède rien. Ce parcours dans un monde bruyant, dangereux, injuste, corrompu est un portrait d'une Inde en fusion, dont le cinéma ne peut que tirer un grand parti.

 

 

Philippe Person         
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