Monologue dramatique d'aprés le roman éponyme de Carole Martinez conçu et mis en scène par José Pliya et interprété par Valentine Krasnochok.

En 1187, contre la décision de son père, le châtelain qui règne sur "le domaine des murmures", la jeune Esclarmonde préfère s'offrir à Dieu que d'accepter d'épouser un noble arrogant et cruel.

Après avoir dit non le jour de la noce, la jeune femme est condamné à être emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une petite fenêtre munie de barreaux. Mais elle ne se doute pas que bientôt elle accouchera d'un bébé aux paumes percées dans ce tombeau, cette naissance considérée comme miraculeuse, et elle comme une sainte.

Adapté du roman de Carole Martinez, cette pièce emprisonne le spectateur dans une parenthèse à la croisée du songe, de l'expérience mystique et charnelle.

L'adaptation de José Pliya se concentre sur les mots que la jeune femme va, durant sa réclusion, adresser à Dieu à son fils et à ce père qui l'a emmurée. Dans ce monde brutal et violent, c'est dans sa cellule, à l'abri, qu'elle trouvera sa liberté. Le choix du monologue et du seul en scène semble s'imposer de lui-même et mettre encore en valeur la beauté des mots.

Dans un décor austère et dépouillé, Valentine Krasnochok livre une performance d'actrice d'une rare intensité. Si sa blonde douceur peut lui conférer un air angélique, elle peut aussi se transformer en une créature emplie de haine et de colère. Tour à tour émouvante et effrayante, Valentine Krasnochok tient la pièce à bout de bras.

On regrettera que le micro censé amplifier les murmures et moduler la voix de l'actrice, projette des ombres sur son visage, d'autant que la mise en lumières sobre de Philippe Catalano souligne avec élégance les différentes périodes et atmosphères.

Même s'il est exigeant pour le spectateur "Le domaine des murmures" est une pièce captivante et d'une rare intensité. La prestation de Valentine Krasnochok y est remarquable.