Tragi-comédie d'après l'oeuvre éponyme de Edmond Rostand, mise en scène de Henri Lazarini, avec Benoit Solès, Emmanuel Dechartre, Clara Huet, Vladimir Perrin, Michel Melki, Ḗmeric Marchand, Lydia Nicaud (ou Christine Corteggiano), Anne-Sophie Liban, Michel Baladi, Pierre-Thomas Jourdan, Julien Noïn, Jean-Jacques Cordival et Geneviève Casile.
Monter "Cyrano de Bergerac" représente toujours un exploit, attendu, guetté, tant l’émotion suscitée par le texte demeure intacte, traversant les âges et les modes.
Cyrano, chevalier téméraire et brave, mais affublé d’un long nez qui le rend laid, aime Roxane. Mais celle-ci n’a d’yeux que pour le beau Christian. Ce dernier, maladroit, ne sait comment exprimer sa flamme. Cyrano devient sa plume, sa voix, aimé par méprise, inconsolable et loyal jusqu’à la fin.
La mise en scène d’Henri Lazarini, fine et innovante, installe Edmond Rostand sur le plateau, qui se dévêt, peu à peu, du costume de son siècle pour devenir son héros. Les tableaux s’enchaînent avec vivacité. Fidèlement au texte, l’émotion s’installe peu à peu, insoutenable, dans la légèreté apparente.
Pour incarner Cyrano, un choix éclatant s’est imposé : Benoît Solès, solaire, émouvant, au sommet de son art. Dandy désinvolte, jeune homme blessé au cœur, il s’installe dans son personnage, creusant le trait, incroyable d’élégance, aérien, inventif en diable, devenant un Cyrano jamais vu, un génie de l’encrier de Rostand, pareil à celui de la lampe.
Autour de lui, Emmanuel Dechartre, en rival revanchard, est parfait, ainsi que Geneviève Casile, inoubliable Roxane du crépuscule, si touchante. Dans des rôles multiples, l’excellent Michel Baladi fait florès, ainsi que Michel Melki et Jean-Jacques Cordival.
Vladimir Perrin incarne la beauté masculine, un peu absent dans son texte, et Clara Huet une Roxane un peu fofolle, tous deux moins convaincants. Mais le spectacle demeure une réussite étincelante et ce Cyrano de Solès arrache les larmes d’un public suspendu à son souffle.
A voir absolument. |