Comédie de Julie Aminthe, mise en scène de Dimitri Klockenbring, avec Jean Bechetoille, Olivier Faliez, Fanny Santer et Marie-Céline Tuvache.
Chez les Lemorand , la mère organise un repas censé "rassembler" la famille : elle, le père et les deux enfants. Mais au fil des scènes se dessine le portrait d’une famille en lambeaux.
Avec "Une famille aimante mérite de faire un vrai repas" (phrase qui revient dans la bouche de la mère comme un mantra dont elle essaye de se convaincre), Julie Aminthe pour sa première pièce aborde le thème de la famille aujourd’hui dont elle dissèque tous les dysfonctionnements. En premier lieu, l’incommunicabilité entre les quatre personnages, qui se cherchent maladroitement sans parvenir à se trouver.
Chacun est dans son monde. La mère (Marie-Céline Tuvache, glaçante à souhait), non loin de la folie. Le père (Olivier Faliez, désopilant), tellement maniaque de la propreté qu’il en est comique (avec au passage, une savoureuse ode à la microfibre).
Quant aux enfants, le fils (Jean Bechetoille, plus vrai que nature) passe son temps et son mal-être devant son écran. Enfin la fille (bouleversante Fanny Santer), angoisse déjà de son avenir. C’est pourtant de ces deux-là que viendra la seule note d’espoir…
La pièce rappelle le film "American beauty" (dont le titre est d’ailleurs évoqué dans une scène entre le père et le fils) qui dépeignait déjà l’explosion d’une famille de la middle-class américaine. On y retrouve cette vision caustique et désabusée d’un échec.
Par séquences sobres et elliptiques, remarquablement bien dirigées et mises en lumière par Xavier Lescat, Dimitri Klockenbring donne la quintessence de cette pièce qui avance pas à pas en semant les indices du drame de cette famille terriblement ordinaire, victime collatérale d’une société hautement toxique.
Maîtrisé et diablement efficace, "Une famille aimante mérite de faire un vrai repas" est un petit bijou au goût amer, cruellement drôle et d’un pathétique bouleversant. A voir absolument. |