Judge and Condemn
(Quart de Lune / Socadisc) mars 2014
"A dévorer comme un road-movie nord-américain, cheveux au vent, cap à l’ouest, avec pour moteur, l’esprit et le goût de la liberté".
Oui, je suis d’accord. Dès les premières notes, Calvin Coal offre un enchevêtrement de guitares et de pétarades de Harley, à la manière dont un vieux routard offrirait le récit de sa dernière traversée du grand Canyon. Et pourtant, Calvin Coal est né dans le Loir-et-Cher.
Après une enfance en Afrique, du piano, de la guitare (en autodidacte, s’il vous plaît), il intègre une académie de musique, la Music Academy International de Nancy. Et c’est diplôme en poche qu’il commence à décrocher quelques prix.
Une formation en chant plus tard, il reprend de nombreux standards de la musique blues et soul (que celui qui connaît la différence ne me jette pas la première pierre !). Mais c’est avec un hommage à Eric Clapton qu’il fait sensation et qu’il se lance enfin dans ses propres compositions (celles qui quitteront la salle de bain pour rencontrer le public). Judge and Condemn est programmé. Le voilà.
Rythmique percutante, batterie omniprésente avec des guitares et basses à cordes, la musique sent le blues américain. Celui qu’on se passe en boucle à défaut de chevaucher en Arizona, le chapeau envolé depuis longtemps et de la poussière dans les yeux. Vintage et puissant, le rock de Calvin Coal vous donnera des envies de route 66 et de capture de venimeux dans les rochers du désert Texan.
Des envies de pousser des portes battantes, éperons au pied, et de commander du tord-boyaux en toisant les petits clients, simples mortels. Des envies de barbus en chemise à carreaux, lasso au vent à la poursuite de bovidés efflanqués. Des envies de thé glacé sur une terrasse en bois, regardant le soleil se coucher et se demander de quoi la journée de demain sera faite. Des envies de ne pas se réveiller.
C’est qu’il nous ferait croire à l’américain dream avec sa voix chevauchant les notes telles un indomptable taureau dont la fougue serait maintenue par une main de velours. Oui, certes, Calvin Coal est un pur produit académique, il a longuement étudié pour en arriver là, son talent n’était pas inné. Je crois que si. Son talent était brut, il avait besoin d’être cisaillé, comme on trace les facettes d’un caillou a priori banal qui se révèle être une parfaite gemme.
Calvin Coal chante la famille, le doux poison de l’amour, les erreurs et les envies d’ailleurs. La vie comme un road-movie. Dans la poussière et dans la lumière. En route !