Réalisé par Geoffrey Lachassagne. France. Documentaire présenté le 6 juillet 2015 au MK2 Quai de Loire à 20 heures.
Sorti d'un noir presque soulagien, austère et rayonnant à la fois, apparaît un homme déjà âgé, à la voix sûre et chaude : il écrit son journal.
Quelques secondes plus tard, c'est dans le bleuté d'une nuit qui s'achève que l'on retrouve ce grand homme sec, aux traits burinés. Le jour point. L'homme chuchote... Le voilà dans la verdure d'une campagne d'où s'élèvent des chants d'oiseaux.
L'homme cherche des papillons. Sous nos yeux, il capture un "morosphinx", mais celui-ci profite que son chasseur veuille le montrer à la caméra pour s'échapper...
Cet entomologiste maladroit est un des plus grands écrivains français, un de ces écrivains qui n'ont pas cherché les feux de l'actualité ni les spots médiatiques. Il est de la lignée des Julien Gracq, des Pascal Quignard, de tous ceux qui sont en retraite loin des villes de grandes solitudes... Observer la nature, aimer les choses qu'on y trouve, chercher à les connaître et en dresser le portrait fidèle à des lecteurs exigeants, telle est sa quête.
Il s'appelle Bergounioux Pierre et a déjà écrit des dizaines d'ouvrages et tient un journal dont il a publié plus de 3000 pages.
C'est dans sa Corrèze natale que Geoffrey Lachassagne est allé le filmer pour ce portrait sensible qui a une vertu immédiate : donner envie de lire les livres de cet homme qu'on aime d'emblée, sans qu'il est fait quoi que ce soit pour séduire. Pardon ! Il n'a pas "rien" fait... Il a ouvert la bouche pour simplement dire : "J'ai une idée infantile des saisons".
S'en suivra en cinq "figures" d'insectes, du Morosphinx" aux "Coléoptères", une leçon de nature dispensée par un professeur comme on aurait aimé en avoir. Les mots qu'emploient Pierre Bergounioux sont les mêmes que ceux qu'il écrit. Simplicité, précision, poésie... C'est là son habituel rythme ternaire.
On ne pourra faire qu'un reproche à Geoffrey Lachassagne : de s'être mis dans les pas jansénistes de Pierre Bergounioux et de n'avoir pas voulu faire une image de trop. En cinquante minutes, il fixe pour l'éternité l'immensité d'un écrivain modeste.
Un grand documentaire trop court ! |