Monologue dramatique écrit et interprété par Bunny Godillot dans une mise en scène de Catherine Chevallier.
Depuis 2006, la comédienne Bunny Godillot revient régulièrement sur scène avec le personnage de Marie-Antoinette, figure historique qui la fascine et qu'elle souhaite évoquer en montrant l'envers du décor d'un destin de reine.
Puisant dans la biographie écrite par Stephan Zweig et la correspondance de Marie-Antoinette, Bunny Godillot s'est attachée à dresser, avec "Marie-Antoinette, la dernière heure", un portrait intime de la femme qui existait sous le titre, de la jeune archiduchesse d’Autriche adulée par les Français, de la dernière reine de France haïe par le peuple et de la veuve Capet rapidement exécutée.
Le portrait d'une jeune fille étrangère brutalement déracinée, séparée de sa famille et mariée à quinze ans, d'une femme qui aspirait à l'amour et au bonheur, d'une épouse qui a dû faire face aux vicissitudes de cet état et d'une mère dévouée et attentionnée, tel qu'il résulte des souvenirs exhumés d'un journal imaginaire.
Alors, certes, ainsi énoncée, la partition pourrait s'enliser dans la lénifiance ou le mélodrame mais, sous la direction de Catherine Chevallier qui hybride le réalisme de la situation présente et son opposé qui émane de la réminiscence, Bunny Godillot joue efficacement, dans le registre de l'émotion, la carte de l'incarnation.
Et la petite salle en sous-sol du Théâtre Les Déchargeurs, une cave en pierre dotée d'un soupirail, suffit à signifier la geôle dans laquelle Marie-Antoinette passe ses derniers jours et quelques inserts scénographiques, tels le parfum qui embaume le lieu et les petites brioches distribuées aux spectateurs, s'ils peuvent paraître d'anachroniques artifices scénographiques, constituent des allusions à la frivolité et à l'irresponsabilité reprochées à la souveraine.
L'élégant habillage lumineux conçu par Stanislas Morelle permet tant de transcender le lieu pour s'en abstraire et voguer au gré des différents épisodes de ce biopic rétrospectif que de sublimer, le visage de la comédienne, en agissant, et compte tenu de sa proximité de cette dernière avec le public, à la manière du cadrage cinématographique en gros-plan.
Ainsi Bunny Godillot, habitée, réussit-elle son entreprise. |