Réalisé par Ada Loueilh. France. Comédie Dramatique. 1h24 (Sortie le 29 juillet 2015). Avec Niels Arestrupn Julia Coma, Natacha Lindinger , Bruno Todeschini, Venantino Venantini, Sandie Dussault, Christian Baltauss et Marc Prin.
Pour son premier long-métrage, "Papa Lumière", Ada Loueilh s'est emparé d'un sujet original : le sort des expatriés contraints de fuir un pays en guerre et de revenir en France où rien ne les attend.
En Côte d'Ivoire, pendant la guerre entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, l'hôtel de Jacques est incendié. Ce Français qui vivait en Afrique depuis des décennies se retrouve du jour en lendemain dans l'inconfort d'un foyer d'accueil dans un pays qui lui est étranger.
En plus, il n'est pas seul : il est accompagné de Safi, sa fille, jeune adolescente hantée par sa mère disparue dans le chaos ivoirien.
Jacques, c'est un Niels Arestrup au meilleur de sa forme artistique. Jamais dans l'excès, même si son personnage est porté sur la bouteille, il forme avec Julia Coma, gracieuse et mutique, un duo qui va passer de l'indifférence - voire de l'hostilité-à la complicité.
Ada Loueilh décrit très bien le sort de ses "ressortissants français" que le gouvernement français rapatrie en avion dans les conflits internationaux. Dans "Papa Lumière", on suivra tout leur parcours de leur descente d'avion à leur séjour dans des foyers où ils vivent dans l'attente de reprendre une "vie normale".
Ayant tout perdu, leur statut social et leurs repères, ils sont contraints au pis aller des petits boulots et des humiliations pour en décocher. Ne supportant pas "l'épreuve" du CV et de la lettre de motivation, Niels Arestrup doit accepter de se "reconstruire" en promeneur de chien niçois. Ce sera l'occasion d'une des plus belles scènes du film : celle où l'acteur, muni de l'obligatoire petit sac plastique, ramasse le caca des gros toutous dont il s'occupe.
Dans la belle lumière de la Côte d'Azur, Ada Loueilh évite cependant le drame. Jacques et Safi se découvrent peu à peu, communiant dans l'adulation de cette absente qui les hante.
Femme d'exception, mère improbable et épouse impossible, elle est la métaphore de cette Afrique perdue dont il va falloir faire le deuil. Pour les y aider, rien de tel que le réel qui prend forme menstruelle et donne l'occasion au père de se substituer à la mère dans ce rite de passage féminin.
On oubliera peut-être quelques moments faibles, comme celui où une expatriée incarnée par Natacha Lindinger
"Papa Lumière" d'Ada Loueilh est un film fragile et délicat comme le premier sourire qui efface le malheur.
Pour l'anecdote, les cinéphiles seront contents de revoir encore une fois Venantino Venantini, le seul survivant des "Tontons flingueurs" avec Claude Rich.
|