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Barbet Schroeder  août 2015

Réalisé par Barbet Schroeder. France/Suisse. Drame. 1h36 (Sortie le 19 août 2015). Avec Marthe Keller, Max Riemelt, Bruno Ganz, Corinna Kirchhoff, Joel Basman, Fermi Reixach, Marie Leuenberger et Fèlix Pons Ferrer.

Il y a 45 ans, Barbert Schroeder avait tourné son premier long-métrage à Ibiza. "More" était et reste toujours "le" film de l'époque hippie, de l'époque hippie chic, où les rebelles de bonne famille, sur fond de musique planante - celle des Pink Floyd naissants - s'essayaient aux nouveaux paradis artificiels.

Aujourd'hui, le temps s'est écoulé et le parcours de Barbet l'a mené aux quatre coins du monde, d'Hollywood à la Colombie en passant par le Japon ou l'Ouganda d'Idi Amin Dada. En une vingtaine de films, il a décrit toutes les sortes possibles d'obsessions et de passions humaines et, d'emblée, dans "Amnesia", on sent qu'il est arrivé au bout de son chemin, celui peut-être où l'on revient en arrière pour boucler la boucle et tirer les leçons de tant de tumultes.

Le revoilà revenu dans la belle lumière chaude et tranquille d'Ibiza, rendue ici magistralement par la photo savante de Luciano Tovoli. Mais ce retour n'est pas une soumission à notre époque, puisqu'il a placé son récit au début des années 1990, précisément quand la chute du Mur de Berlin balaie l'ordre européen ancien.

Martha, musicienne, s'est retirée dans une maison blanche et silencieuse dans la partie "sauvage" d'Ibiza. Sa retraite est soudain troublée par l'arrivée d'un jeune voisin souriant, sympathique, plein d'allant et de rêves. Il n'a qu'un défaut, rédhibitoire pour Martha qui ne se déplace qu'en R4 et ne parle qu'en anglais : c'est un allemand de la nouvelle génération...

Car cette "amnésie" qui donne son titre au film et qui détermine la vie fuyante de Martha a trait justement à l'Allemagne. Comme le philosophe Vladimir Jankélévitch, Martha, après Auschwitz, a décidé de rayer de sa carte personnelle toute trace de germanité. Tout ce qui est allemand est à fuir, est tabou.

Renonçant à ses armes habituelles, Barbet Schroeder passe par le discours plus que par l'action pour faire évoluer la situation. C'est la fraîcheur juvénile de Jo, sa soif de comprendre le monde et de s'y faire une place musicale au chaud soleil d'Ibiza, qui ébranlera la radicalité rageuse de Martha.

Inspiré par la mère du cinéaste, qui quitta l'Allemagne en 1936, et habita longtemps la maison où est tourné le film, le personnage de Martha irradie sous les traits de Marthe Keller.

On pourrait reprocher à "Amnesia" de Barbet Schroeder, un certain didactisme, une manière un peu datée de se mettre en place. Mais ce cinéma hors saison est comme l'envers de "More" et de sa modernité. Là où résonnaient jadis les accords des Floyd s'élèvent les sons discos et les paroles binaires qui leur correspondent. Ce sera l'objet de la "scène de bravoure" du film, celle où l'indispensable Bruno Ganz, le grand-père de Jo, avouera à Martha ce quil faisait en 1944-45...

Il fallait donc privilégier des moments où les dialogues l'emportent sur la contemplation des beaux paysage des Baléares pour assister sinon à une réconciliation, du moins à une amorce de paix entre ces Allemands séparés par la barbarie.

"Amnesia" de Barbet Schroeder est un film délicat. Son auteur parle de beaucoup de choses qui lui tiennent à cœur. Il les aborde avec la retenue d'un homme mûr qui se penche sur son passé. Marthe Keller est au zénith dans le rôle de Martha. Le regard que Jo, incarné formidablement par le prometteur Max Riemelt, porte sur elle est à l'unisson de celui du spectateur qui sera heureux de retrouver cette magnifique comédienne.

"Amnesia" est un film apaisant qui n'utilise aucun procédé pour convaincre et qui, pourtant, emportera toutes les convictions.

 

Philippe Person         
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