"Feelin’so Confused, You don’t Know what to do, Afraid she might not love you anymore, and though she says she does and hasn’t lost your trust, who could there be knockin at her door” Another One.
Mac DeMarco, c’est un peu le roi de l’über-cool, le prince de la décontraction et de la pop décalée. En quelques années et trois albums (Rock and Roll Night Club, 2, Salad Days), le Canadien expatrié à New York est devenu un véritable phénomène, lui qui a gagné sa liberté et imposé, de manière assez surprenante en définitive, sa bonne humeur, sa désinvolture (toute calculée diront les mauvaises langues), ses dents du bonheur et ses chansons lo-fi. Des chansons héritières tout autant de Jonathan Richman que de Weezer, Pavement, Daniel Johnston, Shuggie Hotis ou de Connan Mockasin.
DeMarco continue avec cet EP (vendu au prix d’un album…) dans la même veine que ses disques précédents avec ses accords déglingués, distordus juste ce qu’il faut et enfouis sous les effets de guitares, ses rythmiques nonchalantes, ses mélodies lumineuses (aux couleurs du soleil couchant) presque mélancoliques. Il n’en faut pas beaucoup plus pour faire des tubes en puissance (ici "The Way You’d Love Her", "Another One" ou encore "Without Me") bien moins, et de moins en moins au fur et à mesure que la carrière du bonhomme avance, volatiles que ce que l’on pourrait craindre. Tout semble si facile, alors que l’on imagine le travail de dingue derrière. La musique du Canadien donne l’impression d’être jouée par un pote, il pousse même le concept jusqu’à donner à la fin de son disque son adresse tout en proposant au fan de venir boire un café. On espère que tout cela est dénué de cynisme.
"Well for one, her heart belongs to another, and no other will do" No Other Heart
Mais il ne faut pas se tromper derrière toute cette poésie se cache une pop un brin ironique tournant principalement autour des vicissitudes de l’amour. "Will she love me again tomorrow, I don’t know, don’t think so, and that’s fine, fine by me, as long as, long as I know she’s happy, happy without me" chante Demarco dans "Without Me". On dodeline de la tête pour oublier que le cœur saigne…
Pour être franc, on avait peur que le blondinet se prenne les jambes dans son propre jeu, qu’il finisse par tourner en rond et nous lasse. Il n’en est absolument rien. Et si sa musique est presque immédiatement reconnaissable, il prouve qu’il est capable d’évoluer, de développer et d’enrichir son propos. Sa rencontre avec Connan Mockasin semble avoir été déterminante dans sa façon d’aborder la musique (plus crooner moins rock en gros) et plus précisément son jeu de guitare (sa façon d’aborder les effets, les timbres…). Sa musique rêveuse, même chargée d’une légère tristesse indéfinie reste définitivement le meilleur palliatif au Lexomil…