Comédie dramatique de Jean-Paul Sartre, mise en scène de Anne-Lore Leguicheux, avec, en alternance, Luc Baboulène, Hélène Bondaz, Juliette Brulin, Maxim Campistron, Clément Caritg, Ronan Cavenne, Ludovic Cayrel, Sandrine Chapuis, Mélodie Décultieux, Mike Desa, Loic Faquet, Marion Froger, Guillaume Gauny, Adrien Graf, Agnès Le Batteux, Anne-Lore Leguicheux, Marion Préïté, Anne-Laure Sdika et Caroline Trouillet.
Dans un lieu indéterminé au décor bourgeois, trois personnes, Garcin, Inès et Estelle vont se retrouver enfermés sans savoir d’où ils viennent.
Tous trois sont morts dans des circonstances dramatiques et viennent passer, sous l’œil goguenard d’un étrange garçon d’étage apparaissant de temps à autre, une sorte d’épreuve dont on ne connaît pas les raisons. Devenus des miroirs les uns pour les autres et irrémédiablement liés à jamais par une triple dépendance, les trois personnages dont les confidences vont mettre à jour les contradictions ne vont pas tarder à vivre l’enfer.
"Huis Clos", pièce psychologique et philosophique, montre l’importance du regard d’autrui à partir du moment où celui-ci est devenu indispensable pour se connaître soi-même.
Ecrite en 1943, la pièce de Jean-Paul Sartre a fait l’objet de tellement de versions qu’elle est rarement étonnante, tant le texte est connu et les relations du trio, attendu.
C’est pourquoi le "Huis Clos" que propose la Compagnie Les Yeux qui sonnent est complètement innovant et renouvelle avec bonheur ce drame grâce à une proposition artistique pluridisciplinaire pertinente.
Dans une scénographie qui installe les quatre musiciens à droite de la scène et derrière un rideau à gauche, les trois danseurs, symbolisant chacun le double d’un des trois personnages, venant se mêler parfois à l’espace de jeu, ou dansant pour symboliser les proches des trois protagonistes qui les voient vivre et les observent au loin. Tout est fait avec une belle virtuosité et une synergie impressionnante, porté par une musique magnifique.
En dépit de quelques petites scories dans le jeu qui devraient disparaître prochainement, la mise en scène inspirée, audacieuse et étonnamment mature d’Anne Lore Leguicheux impressionne comme elle est toute aussi bluffante dans le rôle d’Inès qu’elle maîtrise avec une présence inouïe et une implication qui donne le ton de cette confrontation à l’atmosphère tendue.
Plus la pièce avance, plus la tension créée par le jeu, la musique et la danse s’accentue, les trois disciplines se fondant dans un parfait équilibre pour mettre admirablement en valeur le texte percutant (qui n’a pas pris une ride) du chef d’œuvre de Jean-Paul Sartre.
Une très belle réussite et une jeune compagnie éminemment prometteuse. |