Conte écrit par Pascal Quignard et interprété par Marie Vialle.
Plus le temps passe et plus l'évidence affleure : Pascal Quignard est un merveilleux conteur. De sa prose savante, poétique et chantournée pouvaient jadis jaillir de purs récits de vie et de mort, mais il fallait cependant les mériter, les extraire en peinant comme un chercheur d'or jamais certain de la qualité de ses pépites.
Quand, il y a dix ans, il écrivit pour Marie Vialle "Le nom sur le bout de la langue", œuvre encore empreinte de beautés ésotériques, Quignard se doutait-il que cette éternelle jeune fille allait plus tard lui ouvrir la voie royale de la simplicité ? Et cela au pas de course pour qu'elle puisse sortir de son grand sac à merveilles, une à une, les magnifiques tenues conçues par Chantal de la Coste pour chacun des contes.
D'une belle voix qui ne lasse pas et dont elle use sans se permettre trop d'effets, Marie Vialle transporte ses auditeurs au pays des légendes, à mille lieux de toute trivialité. Avec douceur, mélancolie, feinte cruauté et vraie passion des êtres, elle fait escale dans la France carolingienne, la Chine et le Japon médiévaux.
On sera immédiatement sous le charme et ceux qui se souviennent de Marie Vialle dans ses premiers films ("Le Cri de Tarzan" de Thomas Bardinet, "Julie est amoureuse" de Vincent Dietschy) seront surpris de lui trouver, presque vingt ans après, la même grâce juvénile.
Peut-être, malgré tout, osera-t-on lui reprocher d'en rester à une performance maîtrisée laissant son spectateur avec le sentiment final que ce qui aurait dû être un spectacle mémorable n'aura été qu'une jolie bulle de savon trop vite éclatée. Mais, ils le disent l'un et l'autre, "Princesse Vieille Reine" n'est qu'une étape dans la collaboration de Pascal et de Marie.
On attend et l'on espère un texte plus ambitieux qui saura garder les qualités épurées entrevues dans celui-ci tout en permettant à l'actrice de se jeter à corps perdu dans le registre de l'émotion totale. |