Spectacle d'après le Mahabharata écrit par Peter Brook, Jean-Claude Carrière et Marie-Hélène Estienne, mise en scène de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne, avec Carole Karemera, Jared McNeill, Ery Nzaramba et et Sean O’Callaghan.
Trois décennies après le légendaire "Mahabharata" présenté au Festival d’Avignon 1985, moment intense de près de neuf heures dans le décor naturel des Carrières de Boulbon avec, en arrirère-plan, le lever du jour, spectacle incroyable et flamboyant qui marqua son époque et, plus largement, l’Histoire du Théâtre, Peter Brook en propose une re-création en version courte pour quatre comédiens et un musicien avec la collaboration de ses deux complices de longue date, Jean-Claude Carrière à l’écriture et Marie-Hélène Estienne à la mise en scène.
Parce que ce texte, le "Mahabhararta", ce poème indien, qui recèle les questions essentielles de la vie, n’en finit pas de l’inspirer et lui paraît - à juste titre - plus actuel que jamais, il livre une version resserrée mais non moins dense et éclatante.
Sur la scène mythique du Théâtre du Bouffes du Nord qu’il a longtemps dirigé, Peter Brook, fidèle à son habitude, fait jouer ses comédiens sur un plateau quasi-nu, seulement occupé par un banc. Et accompagnés avec une discrétion exemplaire par Toshi Tsuchitori, qui rythme au tambour cette épopée, ils nous émerveillent.
Vêtus de tuniques et de quelques longues étoffes, Carole Karemera, Jared McNeill, Ery Nzaramba et Sean O’Gallaghan interprètent avec conviction et talent, dans la langue de Shakespeare, l’histoire de "Battlefield" dont l’action démarre à la fin de la guerre destructrice née d’un conflit familial.
Yudishtira, vainqueur, devra répondre aux questions et aux remords qui l’assaillent. Passant d’un guerrier à un pigeon, un ver de terre ou une mangouste, les quatre comédiens dirigés brillamment par Peter Brook et magnifiquement éclairés par Philippe Vialatte, portent avec panache le récit ample et fort.
Face aux machineries technologiques qui envahissent les scènes contemporaines, il est merveilleux de constater qu’avec une grande simplicité et son savoir-faire incomparable, Peter Brook, une nouvelle fois, parvient à faire passer un texte aussi riche que celui-ci et en profite pour donner une belle leçon de mise en scène.
Avec ce théâtre qu’il appelle un "théâtre de responsabilité" pour faire face à la vie (destiné entre autres aux chefs d’états actuels) et ce texte millénaire (associé à la dramaturgie de Jean-Claude Carrière), Peter Brook, à l’évidence, éclaire superbement notre présent. |