Vous vous souvenez du temps où les gens achetaient des disques ? Non ? Moi non plus, je suis si jeune, mais on m’en a beaucoup parlé, et certains en font même des romans, c’est dire.
A ce qu’il paraît, c’était le bon temps. En ce temps-là, le rien s'appelait quotidien, les artistes alternaient un disque studio, un disque live, une compil, un disque studio, le même disque studio avec un deuxième disque avec quatre inédits, un disque live, un best of et hop ! Sept ans de carrière discographique sans trop se fouler et tout ça se vendait comme des petits pains au chocolat. Aujourd’hui, il n’y a plus grand monde pour sortir des compils sauf Etienne Daho qui en sort une tous les deux ans, plus grand monde non plus pour sortir des lives et plus grand monde pour acheter quoi que ce soit de toutes façon.
Comme Jean-Louis Murat ne fait rien comme tout le monde, son nouveau disque est un live puisqu’il refuse d’ailleurs de sortir un Best Of... Il est coutumier du fait, de proposer des lives, mais habituellement ils sont en bonus de l’édition collector limitée double digipack sleeves. Comme par exemple mettre un live sans post-prod, direct "au cul de la console" en CD bonus de Grand Lièvre en 2011, ou mettre un live assez dispensable en CD bonus du pourtant indispensable Toboggan en 2013… D’ailleurs, ce [PIAS] Nites eut été très bien en bonus du prochain album, mais bon.
Il convient pour bien comprendre l’objet disque qui nous est proposé de savoir deux choses :
- Comment est-ce un concert de Murat ?
- Les conditions d’enregistrement du disque
Thèse, antithèse, synthèse, un café, l’addition et un steak de Salers avec truffade pour la douze !
1. Un concert de Murat, c’est comment ?
Bah ça dépend des soirs, et des tournées, parfois c’est génial, parfois c’est chiant, parfois c’est magique, parfois c’est niveau baloche de province. Chaque soir est différent, il réinvente ses morceaux sur scène mettant de l’électronique dans des morceaux pop (période Muragostang), se la jouant White Stripes non mixte, ou power trio, étirant parfois les chansons à n’en plus finir, avec des intros à la guitare qui oscillent entre deux et quatorze minutes, variant les rythmes, mangeant ou mélangeant les paroles, les reprenant en voix de tête, parfois c’est un peu brouillon, parfois ça s’envole, parfois ça part dans tous les sens, parfois c’est bien, parfois moins. Mais en tout cas, c’est toujours surprenant et toujours un grand moment.
2. Les conditions d’enregistrement du disque
Ce [PIAS] Nites a été enregistré à la Maroquinerie à Paris quelques jours avant la sortie de Babel, avec donc un peu de pression et avec surtout le Delano Orchestra au grand complet et la douce Morgane Imbeaud. Le public était heureux d’être là, et visiblement le groupe aussi. Les chansons venaient à peine d’être enregistrées, pour la plupart du public, personne ne les avaient encore entendues et pour beaucoup ce fut une bonne surprise. Comme je vous le disais plus haut, chaque concert de Murat est assez unique, les chansons sont malaxées, retravaillées ; ici, au contraire elles sont encore assez proches de leur version studio, en fin de tournée le "Blues du Cygne" se fera moins rock, "Mujabe Ribe" encore plus longue et apocalyptique, Morgane fera plus de chœur, etc.
Paradoxalement, Murat n’est jamais aussi bon que quand il n’est pas laissé trop en liberté, avec un groupe sur scène qui le tient un peu, sans oublier de le suivre évidemment, il reste dans les clous de ses chansons, ne part pas trop dans des solos interminables et donne plus de place à sa voix qu’à son jeu de guitariste et personnellement, je ne m’en plains pas du tout, au contraire.
Ce [PIAS] Nites est un témoignage unique, d’une part parce que plus jamais les chansons ne seront jouées de cette façon et d’autre part évidemment parce que c’est un live, avec ses imperfections, ses oublies de paroles, etc. Certes, cinq chansons c’est un peu court, mais ne serait-ce que pour "Long John" ou "Mujabe Ribe", ce disque mérite largement votre attention. Pour les chansons manquantes, il reste heureusement les souvenirs des chanceux qui y ont assisté et dont j’étais, oui je dis ça juste pour me la raconter.
La Minute du collectionneur pour finir : initialement, ce disque est sorti le jour du Disquaire Day en version "Vinyle Blanc", il est aujourd’hui proposé en version CD et Vinyle Noir (normal quoi), cette ressortie, d’après PIAS, est à la demande des fans qui n’avaient pas tous pu le trouver ou casser leur Codevi pour se l’offrir, je vous laisse juge du procédé et me réjouis simplement que cela permette au plus grand nombre de découvrir ce que peut faire Murat sur scène dans ses bons soirs.
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
Beaucoup de choses à découvrir encore cette semaine en attendant la MAG#91 vendredi. Du théâtre, du cinéma, de la lecture et de la musique au programme, et toujours le replay de la MAG#90...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.