Je ne sais pas vous mais en ce qui me concerne, quand j’écoute un album pour la première fois, mon oreille est toujours instantanément attirée par le son. Tout le reste, mélodie, harmonie, texte, vient ensuite dans un second temps, mais ce qui surgit des enceintes dès la première seconde, qui m’attire ou me rebute de façon quasi animale, c’est le son.

Le son de Slow Gum à la première écoute m’est apparu comme un vieil ami qui m’attraperait par la taille, rassurant, doux et intemporel. Il y a ces artistes qui sont dans l’ère du temps, parfois légèrement en avance, parfois un peu en retard, d’autres qui cherchent à recréer le style d’une certaine époque, d’un âge d’or révolu, et ceux qui, comme Fraser A. Gorman, sont tout bonnement hors du temps.

Le premier album du jeune australien sonne comme un classique, qu’on pourrait ranger à côté de The Freewheelin’ Bob Dylan, de Transformer et de Nebraska, sans que Lou Reed ou le vieux Bruce n’en soient offusqués. On pourra le ressortir dans 10 ans, il n’aura pas pris une ride.

L’album sort chez Milk ! Records, le label de Courtney Barnett, qui fait d’ailleurs une apparition dans le clip en noir et blanc de Fraser.

Commencez par écouter la piste 3, "Book of Love", petite perle de cet album, ce sera une excellente entrée en matière. Si vous n’êtes pas séduit par le swing de batterie, le mélange de rhodes et de guitare slide, le flegme de la voix de Gorman et les chœurs féminins, passez votre chemin.

Mention spéciale pour les morceaux de début et de fin, "Big Old world" et "Blossom and Snow", superbes ballades folks, la première du petit matin, la seconde crépusculaire, parfaite façon d’entamer et de finir cet album qui vous l’aurez compris m’aura entièrement séduite.