Réalisé par Michel Franco. Mexique/France. Drame. 1h33 (Sortie le 21 octobre 2015). Avec Tim Roth, Sarah Sutherland, Robin Bartlett, Rachel Pickup, Michael Cristofer, David Dastmalchian, Bitsie Tulloch et Nailea Norvind.
Comme toujours, le Festival de Cannes fait les choses à l'envers. Ce n'est sûrement pas le "Prix du Scénario" qui convenait à "Chronic" de Michel Franco, film qui cherche à restituer des atmosphères, des climats, qui veut faire sentir ce que mourir veut dire quand la mort est programmée par une maladie incurable.
Non, ce film éprouvant qui imprègne son spectateur pendant bien plus longtemps que le temps cinématographique, existe avant tout par sa mise en scène et par son acteur principal.
Quand on a Tim Roth, qui plus est dans le rôle où il s'est le plus investi dans son immense carrière, on ne lui préfère pas Vincent Lindon en vigile moustachu. Il suffit d'un plan silencieux de Tim Roth nettoyant le dos d'un de ses patients avec la grâce modeste d'un vrai accompagnant en fin de vie pour comprendre qu'il va porter le film avec la plus haute humanité.
Et cela avec le soutien de la caméra de Michel Franco au plus près des corps malades, mais toujours à une distance éloignée du moindre soupçon de voyeurisme.
Pendant la première partie de "Chronic", le réalisateur laisse planer des doutes sur le personnage de Tim Roth et sur ses motivations. C'est sans doute, ce début de film légèrement hitchcokien qui lui a valu ce fameux prix du Scénario à Cannes 2015.
Mais, peu à peu les doutes se dissipent et il ne faut pas craindre le sujet de "Chronic", même s'il faut se préparer à un grand moment de cinéma de "non distraction".
Que ceux qui aiment le chewing-gum pour les yeux aillent rattraper "Marguerite" ou "le Tout nouveau testament". Ici, le spectateur n'est pas une mouche que l'on attrape avec des bons sentiments sucrés.
Film qui n'a pas peur du mot "compassion", film visiblement chrétien, "Chronic" de Michel Franco réhabilite un cinéma qu'on pensait moribond, un cinéma qui met l'homme au centre de ses préoccupations et qui n'a pour effets spéciaux que des sourires douloureusement esquissés et des gestes d'une extrême douceur.
Attention ! Ce film bienveillant qui refuse viscéralement le cynisme ambiant n'oublie jamais que la vie est tragique. C'est aussi ça qui fait sa grandeur. |