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Théâtre de Nesle  (Paris)  octobre 2015

Comédie dramatique de Jeffrey Hatcher, mise en scène de Steven Ullman et Natalia Lazarus, avec Charles Fathy et Natalia Lazarus.

Il faudrait plus d'une pièce et un historien prêt à recevoir bien des coups pour raconter la "vraie" vie de Picasso sous l'Occupation allemande.

S'il y a des milliers de pages, d'images et de pellicules sur Picasso et toutes ses femmes, il n'y a pas grand-chose sur Picasso pendant cette période et, d'abord, on cherchera en vain des propos de l'auteur des "Demoiselles d'Avignon" expliquant pourquoi il a préféré rester à Paris sous la botte nazie.

Dès lors, on n'en voudra pas à l'américain Jeffrey Hatcher, prolifique scénariste et dramaturge, connu pour avoir écrit des "Columbo" et la pièce "Stage Beauty" portée au cinéma par Richard Eyre, d'avoir "inventé" une anecdote sur Picasso. Une anecdote en forme de face à face entre Picasso et Mademoiselle Fischer, représentante des autorités allemandes. Il s'agit, pour Pablo Ruiz d'authentifier une de ses œuvres parmi trois présentées par Mlle Fischer.

A partir de cette discussion assez tendue, pour employer un euphémisme, Jeffrey Hatcher va essayer de comprendre ce que l'art veut dire et en opposer deux conceptions. Entre l'art illustratif, chargé de servir une conception politique, et l'art "artistique", exprimant le point de vue libre d'un créateur sur le monde dans lequel il vit, il y a plus qu'un hiatus. Dans les circonstances qui occupent Pablo et Mlle Fischer, il peut surtout y avoir mort d'homme... ou de femme.

Menée tambour battant, sans souci de véracité mais avec le désir de montrer que Picasso était aussi un homme hors du commun quand il était mis en situation de résister à la barbarie, "Un Picasso" n'est pas qu'une hagiographie du génie ibérique. La pièce de Jeffrey Hatcher permet à deux excellents acteurs de tenir en haleine un public tout de suite acquis à une intrigue jalonnée de rebondissements.

Charles Fathy crée un Picasso plein d'appétits et très manipulateur. On se demande parfois si le "vrai" Picasso avait cette rigueur que lui prête Jeffrey Hatcher, une rigueur qui l'oblige à trouver le bon subterfuge pour sauver à tout prix ses œuvres. Ce qui est vraiment bien dit, c'est que Picasso, ogre de la peinture, savait s'adapter aux vicissitudes du parcours de ses toiles. D'abord inquisitrice, Mlle Fischer glisse peu à peu dans le rôle du témoin acquis à la cause. On lui saura gré d'interpréter son rôle sans le transformer en caricature.

Bien entendu, ce qui est dit dans la pièce de Mlle Fischer la rend plus complexe qu'à son apparition et explique que Natalia Lazarus use de son délicieux accent sans que son personnage ait besoin de proférer des phrases emblématiques, du genre "Nous avons les moyens de vous faire parler". Au contraire, peu à peu, elle subit le discours de Picasso et ne réplique plus acceptant le bien-fondé de ses vérités.

Ici, Picasso est un résistant qui cache à peine son jeu. Il finira même par prononcer sa fameuse phrase sur Guernica, celle qu'il aurait en réalité servi à Otto Abetz, maître de Paris, quand il serait venu le visiter rue des Grands-Augustins. Devant une photo de Guernica, l'ambassadeur d'Allemagne à Paris se serait écrié : "C'est vous qui avez fait ça ?" et Picasso, du tac au tac, lui aurait répondu : "Non, c'est vous !". Cette réplique mettait-elle en péril le Reich et suffit-elle toute seule à faire de Picasso un Jean Moulin barbouilleur ? En tout cas, elle contribue à définir toute l'ambiguïté de Pablo Picasso face aux Allemands.

Dans sa pièce, Jeffrey Hatcher essaie plutôt d'accréditer le contraire, mais il finit, de guerre lasse, par se rendre à l'évidence... "Je ne fais pas de politique, je peins" ne cesse de dire Picasso. Et même si l'artiste, dès la fuite des nazis, prendra sa carte au parti communiste français, il faut convenir qu'un tel génie se fout de la politique, qu'il est à cent coudées au-dessus d'elle et qu'il n'a de compte à rendre ni aux hommes ni aux dieux.

Dans "Un Picasso", qu'il faut prendre pour un agréable divertissement autour d'un génie insondable, la thèse soutenue n'a finalement guère d'importance. A la fin du jeu, c'est toujours Picasso qui gagne.

 

Philippe Person         
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