Réalisé par Julie Delpy. France. Comédie. 1h39 (Sortie le 28 octobre 2015). Avec avec Julie Delpy, Dany Boon, Karin Viard, Vincent Lacoste, Antoine Lounguine, Christophe Vandevelde, Elise Larnicol et Christophe Canard.
Dans le cinéma français, Julie Delpy a toujours été à part. Comédienne, elle a fait ses classes avec Carax, Godard, Kieslowski avant d'éviter le cinéma moyen à la française en partant faire carrière aux États-Unis. Elle y a connu un succès certain associée à Richard Linklater.
Devenue réalisatrice, elle continue d'agir à sa guise, alternant les films américains et les films français, les comédies et les drames. Quand elle aborde "Lolo", film qui peut apparaître comme une comédie typiquement à la française, elle est donc une nouvelle fois dans un contre-emploi puisqu'elle n'entre pas "normalement" dans la liste des actrices "bankables" formatées pour faire face à Dany Boon.
Avec un synopsis "fédérateur" bâti pour tenter de bien figurer au "box-office", on se demande même si la réalisatrice de "Two days in Paris" et de "Two days in New York" est la bonne personne aux manettes.
Les fans de Julie seront vite rassurés : elle n'a pas perdu son âme bien trempée pour réaliser un de ces films dans lequel elle n'aurait jamais tourné comme actrice.
En effet, elle poursuit par d'autres moyens son cinéma personnel centré sur elle-même. Certains verront dans "Lolo" un "Tanguy" méchant, voire psychopathe, qui raconte comment un post-adolescent fait tout pour que sa mère divorcée depuis des lustres ne retrouve pas l'amour.
Mais, le vrai sujet de "Lolo" de Julie Delpy est la quarantaine et le glissement progressif vers l'idée que l'automne arrive et qu'il faut penser à en faire une belle saison, celle peut-être d'un dernier bel amour...
Évidemment, Julie Delpy emprunte les canons de la comédie bourgeoise "traditionnelle : opposition de la "branchée" et du "plouc", projection sans les codes d'un - faux - candide provincial dans les milieux de la mode, etc...
Dany Boon est forcément à sa place en néo-Bourvil pas si bête (et génie de l'informatique) dans un monde où l'on croise Karl Lagerfeld, et Julie Delpy a eu raison de lui donner comme partenaire... Julie Delpy. Le couple fonctionne à merveille.
Peut-être qu'elle a eu une moins bonne idée en pensant à Vincent Lacoste pour s'en faire un fils pervers et immature. Dans le rôle de Lolo, on a l'impression qu'il régresse par rapport à celui de l'étudiant en médecine d' "Hippocrate". C'est sans doute là que Julie a été victime du "cinéma à la française" et qu'elle n'a pas pu prendre un jeune comédien prometteur comme on en voit tant d'excellents au théâtre...
Mais cette réserve faite, on sent que la réalisatrice a pris du plaisir à en filmer "des tonnes" dans certaines scènes, notamment celles où Dany Boon s'installe à Paris.
"Lolo" de Julie Delpy est donc une comédie plaisante, qui sera loin d'être déshonorante dans la filmographie d'une femme volontaire qu'il faut suivre. A l'aise dans le "cinéma de scénario" comme dans l'auto-fiction, aimant les comédiens et adorant les diriger, pratiquant le contre-pied et le clin d'oeil, elle n'est pas prête de lâcher les deux côtés de sa caméra...
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