Conférence-performance dispensée par Marcel Bénabou, Paul Fournel, Hervé Le Tellier, Olivier Salon et des invités surprise.
Quelque part entre "Les Grosses Têtes" et "Le Masque et la Plume", "Les Cinq Coups de l'Oulipo" est un spectacle qui nécessite une longue table rectangulaire derrière laquelle sont assis et alignés quatre mousquetaires de la langue française qui s'apprêtent à jouer les facétieux.
La première question qui vient aux lèvres, "Pourquoi les Cinq Coups de l'Oulipo?", appelle une réponse simple et claire : "parce que le spectacle dure cinq jours et que les représentations de chaque jour sont consacrées à un thème différent.
Pas de chance, donc, quand on a choisi le lundi plutôt que le mardi : ce sera "animaux" et pas "sexe". On aura donc le droit à des poèmes sur les "zanimaux". Mais pas n'importe quels poèmes sur les "zanimaux ! Des poèmes provenant des "grands" oulipiens, c'est-à-dire Jacques Roubaud et Raymond Queneau.
Des poèmes et des jeux littéraires aux noms savants qu'on ne retient pas, sauf si on a lu les ouvrages de l'Oulipo et que l'on est familier de leurs travaux sur les mots...
A propos, c'est quoi l'Oulipo ? Pour jouer un peu comme il se doit avec l'Oulipo, on précisera que c'est un acronyme et qu'il faut trouver successivement un mot en "ou", un mot en "li" et un mot... en "po"... Non, ce n'est pas "Ouvriers lisant des poèmes" ou "Outardes libidineuses politisées"... Cela veut dire : "Ouvroir de littérature potentielle".
Rien que ça ! Et c'est, on s'en doute, plus France Culture que RTL, même si comme aux "Grosses têtes", c'est plus macho que féministe, plus carte Vermeil que Pass Navigo, et que ça finit aussi par des blagues salaces...
Sauf qu'à l'Oulipo quand on parle de "chatte", on met sa main devant sa bouche pour ne pas pouffer avant de parler de "son poil soyeux et bouclé"... Si l'on avait un oulipien sous la main, on lui demanderait combien de femmes appartiennent à la confrérie depuis son origine et on lui ferait remarquer qu'au moment où les quatre lascars font participer le public à leurs jeux, ce sont les femmes qui répondent le plus souvent. Peut-être pour compenser leur absence sur le plateau ?
Mais ces "oulipropos" féministes sont là pour trouver quelque chose à redire car, avec Paul Fournel, Marcel Bénabou, Hervé Le Tellier et Oliver Salon, on est en extrême bonne compagnie et on ne s'ennuie pas.
Au contraire ! En plus, il y a un cinquième larron qui, selon le principe des "Cinq coups", vient faire une "petite conférence sur le thème du jour". Le jour des zanimaux, c'était Jacques Jouet qui s'y prêtait. Sa conférence sur Tarzan aurait plu à Edgar Rice Burroughs et à Johnny Weissmuller et sans doute à Mowgli.
On tiquera peut-être sur la nécessité d'Hervé Le Tellier de se déguiser en grand singe pour être en phase avec Jacques Jouet. On lui pardonnera volontiers puisqu'on sait qu'il est encore fort marri d'avoir raté une nouvelle fois le célèbre prix Botul. On espère simplement que le mardi, il ne se sera pas senti obligé de se déguiser en phallus ou en spermatozoïde...
Tout ça pour répéter que l'Oulipo en dispositif de combat spectaculaire, permet de passer une bonne heure de "divertissement intellectuel" (Oxymore, comme dirait celui de Venise). |