Réalisé par Alex Van Warmerdam. Hollande. Comédie dramatique. 1h36 (Sortie le 18 novembre 2015). Avec Tom Dewispelaere, Alex Van Warmerdam, Maria Kraakman, Gene Bervoets, Annet Malherbe, Eva van de Wijdeven, Pierre Bokma et Henri Garcin.
Déjà le dixième film pour Alex Van Warmerdan, sans doute l'un des plus grands cinéastes néerlandais avec Paul Verhoeven.
Le réalisateur des "Habitants" et de "Borgman" est devenu célèbre pour son cinéma étrange, absurde, pas très loin de la galaxie surréaliste.
Son dernier film "Borgman" aurait pu être rapproché des cinémas de Luis Bunuel ou de Roy Andersson et, même s'il n'était pas toujours réussi, était un bel exercice mêlant humour et formalisme. Sorti il y a peu, "The Lobster", prix du Jury à Cannes, du premier de la classe cinématographique Yorgos Lanthimos lui devait une fière chandelle.
Dans "La peau de Bax", l'ambition d'Alex Van Warmerdam paraît plus réduite et cette histoire de tueur à gage devenant la proie d'un de ses confrères n'est pas à première vue d'une grande originalité.
Quand le film commence, on a même les ingrédients d'une série B tranquille dont tous les pièces du scénario semblent aussitôt posées. Schneider va fêter son anniversaire et sa belle femme et ses charmantes fillettes sont pleines d'attention en cette journée spéciale.
Sauf qu'un coup de fil survient : il va devoir partir accomplir une mission. On comprend qu'il s'agit d'un contrat, que Schneider est un tueur et qu'il devra accomplir une tâche sanglante - tuer Bax - avant de revenir tranquillement goûter aux joies de son dîner d'anniversaire.
Film apparemment routinier, "La Peau de Bax" d'Alex Van Warmerdam va vite montrer qu'il trompait son monde. D'abord, la "scène de crime" a pour cadre un extraordinaire paysage de marais, avec au milieu d'un paysage d'herbes hautes et de roseaux, une belle maison moderne en forme de rectangle blanc. Ensuite, comme on s'en doute, les choses ne se dérouleront pas comme prévu et peu à peu surgiront quelques personnages singuliers pour perturber la banalité du crime attendu.
Parmi eux, la fille de Bax, psychologiquement très perturbée, et qui, à l'instar des autres figures du film, va devoir souvent se retrouver dans l'eau, dans ce paysage inextricable d'herbes hautes appartenant à une zone protégée.
Comme toujours chez Van Warmerdam, les plans sont superbement composés amenant leur lot d'étrangeté. Ici, l'atmosphère a quelque chose de celle des premiers films d'Ozon et l'on ne peut que constater la virtuosité du réalisateur néerlandais qui d'un argument très ou trop simple tire un film qui gagne de minute en minute en complexité.
On retrouvera aussi quelque chose de "kaurismakien" dans les personnages, à commencer par celui de Schneider, le tueur méthodique et procédurier interprété par Tom Dewispaelere. On saluera également la composition du réalisateur en Bax, ainsi que l'apparition dans son beau costume blanc immaculé du grand Henri Garcin dans un rôle de papy pas très recommandable.
"La Peau de Bax" d'Alex Van Warmerdan est un film qui ne sent pas la "manière", critique que l'on pouvait faire jadis à l'auteur de "La Robe". Son cinéma s'est épuré, a gagné question humour, et ne se complaît dans aucune démonstration.
Autre bonne nouvelle : Alex Van Warmerdan semble résolu à tourner davantage. Qu'il n'hésite pas à continuer dans la veine qui lui réussit, celle de "La Peau de Bax" |