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Monfort Théâtre  (Paris)  décembre 2015

Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Ivan Gontcharov, mise en scène de Dorian Rossel, avec Rodolphe Dekowski, Xavier Fernandez-Cavada, Elsa Grzeszczak, Jean-Michel Guerin, Fabien Joubert, Delphine Lanza et Paulette Wright.

Chez les Russes, Oblomov est devenu un personnage-type, un caractère au sens que lui donnait La Bruyère.

Il incarne un trait spécifique russe, une forme de paresse physique et mentale que l'on appellerait aujourd'hui la tendance à "procrastiner", à remettre au lendemain, ou plutôt au surlendemain et finalement aux calendes grecques, la chose que l'on pouvait et devait faire le jour-même.

"Oblomov", au départ, est un roman célèbre et épais d'Ivan Gontcharov. Il a connu des adaptations cinématographiques et théâtrales dont la plus célèbre est le film de Nikita Mikhalkov, "Quelques journées dans la vie d'Oblomov".

Pour son passage à l'écran, Oblomov devient un personnage très tchékhovien, fataliste, se lamentant sur son sort tout en prenant la vie sur le ton de la dérision. Ce n'est pas le parti adopté par Dorian Rossel dans cette nouvelle version d'"Oblomov".

Le metteur en scène cherche à retrouver la vérité du roman et ne pousse pas son Oblomov interprété par Xavier Fernandez-Cavada dans une direction tchekhovienne au risque de le rendre parfois un peu terne, un peu fade. Bien raconté, le destin d'Oblomov manque peut-être de moments saillants.

En refusant de transformer la paresse prodigieuse du personnage en pathologie clinique qui mériterait des soins psychiatriques, Dorian Rossel lui ôte son relief.

Se retirer comme il le fait dans une petite maison avec une logeuse qui lui mijote des petits plats et finit par partager sa couche, cela peut finalement se concevoir comme une philosophie de la vie et pas comme la manifestation du symptôme de l'"oblovisme". Si l'on accepte que l'on gomme tout excès au personnage, on suivra sans ennui cette vie ratée d'un homme sympathique.

Dans une ambiance russe, jamais caricaturale, où la guitare fait office de balalaïka, Dorian Rossel livre un "Oblomov" cohérent et pudique.

 

Philippe Person         
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