Comédie dramatique de Fausto Paravidino, mise en scène de Céline Lambert, avec Wohan Azzam, Nejma Ben Amor, Kévin Dargaud, Guillaume Giraud, Céline Lambert et Thibaut Thezan.
Céline Lambert et les comédiens de la Compagnie Les murs ont des orteils proposent un beau travail sur "Nature morte dans un fossé" du dramaturge, comédien, metteur en scène, scénariste et cinéaste Fausto Paradivino, révélation de la scène italienne au début des années 2000.
D'autant que la mise en scène de cette partition atypique s'avère difficile car elle est calquée sur la forme du storyboard, et, de plus, s'inscrit dans le genre du polar théâtral en retraçant le déroulement d'une enquête policière qui progresse de manière ponctuelle à partir de témoignages fragmentés ce qui aboutit à une narration kaléidoscopique.
"Nature morte dans un fossé", résumé lapidaire d'un fait divers sordide, le meurtre violent d'une jeune fille battue à mort, retrouvée un soir de fin de semaine par un jeune homme éméché sortant de discothèque (Thibaut Thezan) suite à l'embardée de sa voiture, immerge le spectateur dans le monde interlope, et violent, de la nuit des périphéries urbaines, entre dealer (Wohan Azzam), prostituée (Céline Lambert) et "beau gosse" très clair (Kévin Dargaud), révélateur de la dérive de la jeunesse.
Un meurtre qu'un inspecteur de police désabusé (Guillaume Giraud) doit résoudre au plus vite, et surtout en présentant la victime comme "sujet à risque" pour désamorcer le déferlement médiatique sur l'insécurité, ce qui paraît difficile s'agissant d'une jeune fille sage et sérieuse avec un père ingénieur et une mère enseignante submergée par l'incompréhension (Nejma Ben Amor).
Céline Lambert réussit une mise en scène cinétique en cohérence avec le parti-pris formel de l'auteur et une scénographie qui repose sur d'avisées lumières crépusculaires orchestrées par Gérald Junet et la projection de vidéos glauques, réalisées conjointement avec Clémence Pogu, consistant en un prologue, le portrait de la jeune fille filmée dans l'intimité de sa chambre et des inserts en intermèdes qui situent l'univers tant social que mental de chacun des protagonistes.
Le jeu cinéto-théâtral des comédiens formés au Cours Florent et/ou au Studio Muller est à l'avenant pour cette plongée dans l'abîme de la solitude et la nuit de l'horreur ordinaire. |