Réalisé par Sanna Lenken. Suède/Allemagne. Comédie dramatique. 1h35 (Sortie le 16 décembre 2015). Avec avec Rebecka Josephson, Amy Deasismont, Henrik Norlén, Annika Hallin et Maxim Mehmet.
Voilà un "petit" film qui en vaut bien des "gros" et qui a le mérite de ne pas proposer aux jeunes gens de l'âge des deux sœurs des vaisseaux intersidéraux et des fusils laser.
Dans ce "feel good movie" à la Suédoise, tout n'est pourtant pas rose et le "happy end" plus que provisoire, mais "My Skinny Sister" de Sanna Lenken aborde de manière originale un sujet grave, celui des adolescentes anorexiques.
C'est en effet par les yeux de sa petite sœur, Stella, que l'on définira par euphémisme comme "rondelette", que l'on découvre peu à peu l'anorexie de Katja. Au début du film, Stella est complexée par la beauté longiligne de sa sœur, par ailleurs excellente patineuse artistique, qu'elle cherche à imiter en voulant elle aussi patiner.
Pourtant, peu à peu, Stella s'aperçoit que la vie rêvée de sa sœur n'est pas si enviable. Elle s'irrite quand on lui mange son œuf, elle fait de mystérieuses visites dans la cuisine ou dans les toilettes. Stella finira par découvrir qu'elle se fait vomir.
Ayant appris à l'école ce qu'était l'anorexie, Stella hésite encore un certain temps à prévenir ses parents totalement à côté de la plaque. S'en suivra une crise paroxystique qui conduira à l'internement de Katja.
En apparence linéaire, "My Skinny Sister" de Sanna Lenken décortique en fait la famille nucléaire suédoise en entremêlant les relations entre enfants et entre parents. Si le couple parental semble idéal, ce n'est pas le cas du duo des sœurs, où l'embonpoint de l'une cache opportunément la maigreur de l'autre.
En chargeant sa sœur gloutonne, Katja a trouvé le moyen de ne pas être perçue comme anorexique. D'autant que Stella, en pleine pré-puberté, s'est amourachée de l'entraîneur de Kajta, cible évidemment inaccessible et qui la conduit à faire bien des bêtises.
Mais, traités plus elliptiquement dans le film, les rapports enfants-parents dans ce quatuor de la moyenne bourgeoisie ne sont pas non plus sans conséquence sur l'état de Katja. C'est un non-dit du film qui donne une explication commode de son anorexie par la pratique de la compétition sportive. Certains amateurs de psychanalyse facile iront peut-être chercher du côté du rapport au père, d'autres trouveront des indices du côté du rapport à la mère...
"My Skinny Sister" de Sanna Lenken n'a vraiment rien à voir avec un simple sujet de débat télé. Le film donne des pistes, ne les impose pas. Il pose plus de questions qu'il n'en résout, tout cela parce que la situation est vue par les yeux d'une néo-ado rigolote, dont la bonne humeur peut comprendre des sautes, compréhensibles quand se précise le passage à l'âge adulte.
Comme souvent dans le cinéma scandinave, tous les comédiens sont à la hauteur du propos. On retiendra évidemment Rebecka Josephson, qui couvre impeccablement toutes les facettes du personnage de Stella. Qu'elle soit la petite-fille du grand Erland Josephson, l'éternel complice d'Ingmar Bergman, n'est peut-être pas un hasard.
On le répète : "My Skinner Sister" de Sanne Lenken est un "petit" film vaillant prêt à affronter les trop "gros". |